L'église Saint-Véran de... Saint-Véran (Queyras) (2)
Avant le ski et le tourisme, l'électricité, les transports modernes et autres chasse-neige, les hivers étaient très longs dans les villages d'altitude comme Saint-Véran (2040 m d'altitude) qui disparaissait sous la neige pendant plusieurs mois. Après avoir rentré les récoltes et les foins, cuit le pain dans les fours de quartiers, mis les bêtes à l'abri dans l'écurie, les femmes tissaient, "ravaudaient" et confectionnaient vêtements, linge et dentelle, les hommes réparaient et fabriquaient les outils, les meubles, les jouets. On contait le soir à la veillée. "Tous les pays qui n'ont plus de légendes sont condamnés à mourir de froid" écrit Patrice de la Tour du Pin (1911-1975). Saint-Véran est le pays des ébénistes et des sculpteurs; Les meubles du Queyras (dont on peut voir de très beaux spécimen au Musée de Gap) sont souvent sculptés. Les jouets en bois du Queyras sont célèbres.
L'intérieur de l'église (retrouver les photos de l'extérieur ICI) abrite un très beau mobilier baroque, et des sculptures réalisées par les habitants du village...
un retable de 1684 sculpté par des artistes transalpins, encadrant un Christ en croix.
Une tribune,
avec des panneaux sculptés par les villageois et qui illustrent des scènes bibliques, les activités et les métiers : ici le baptême du Christ, une fontaine, des animaux de la montagne, la colombe su Saint-Esprit.
Là, un berger, son troupeau, son chien.
Des panneaux d'autels : celui de Saint-Joseph,
avec un établi de menuisier, clous et marteaux, faucille et gerbe, cannes de marcheur...
Celui de la Vierge à l'Enfant,
avec un rouet, un fuseau, un chaudron sur le feu, un livre et une chandelle...
Une crèche,
des statues, ici le curé d'Ars,
Saint-François d'Assise,
avec un loup, un lapin et un oiseau,
Saint-Véran.
Le chemin de Croix, encore l'oeuvre d'artistes saint-véranais.
Une poutre de Gloire, avec une Crucifixion et deux anges qui font des offrandes. Une phrase tirée des lamentations de Jérémie : "O vos omnes attendite et videte si est dolor sicut dolor meus" "vous tous qui passez ici Regardez et voyez si il est une douleur pareille à ma douleur"
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Sur les chapiteaux, Andrée Lantier à tenté d'interpréter les scènes qu'on peut y lire, dans son livre Saint-Véran - 2° édition 1989, Editions Serre. Vie de Saint-Véran, allégories, scènes de la vie de saints. Bien-sûr, beaucoup d'incertitudes pèsent sur le sens de ces interprétations, bien que certaines scènes soient lisibles.
Ici, on peut lire à gauche : la méchante langue, au centre : la bonne parole, à droite : disputes et renoncement à la vengeance.
Un chapiteau est conscré au "dragon poursuivi par Saint-Véran (voir la légende de Saint-Véran) : à gauche, on devine le dragon tenu par saint-Véran, et à droite, la consécration de la ville. Saint-Véran tient un symbole de la ville avec ses tours...
Saint-véran muni de se crosse présente la croix et tient l'arbre de Vie.
Sur un autre chapiteau, on peut imaginer qu'il s'agit de scènes de la vie de Saints, avec une scène où l'on voit des personnages tête en bas, pouvant représenter leur martyr ? Une autre leur Résurrection, une troisième, trois enfants dans les flammes... On peut difficilement photographier toutes les faces des chapiteaux, car ceux-ci sont souvent dans l'ombre, ou éclairés violemment par l'arrière...
Un très beau bénitier en serpentine, la pierre de saint-véran, est décrit par l'abbé Berge, dans sa monographie de Saint-Véran :
L'extérieur de la cuve est divisé en trois zones inégales ; la plus haute, la moins large et celle du milieu son tornementées par quatre têtes humaines portant sur les deux zones et très en relief. Sur la zone supérieure figurent des inscriptions très frustes qui ne sont pas déterminées. On voit cependant : "Confesso..;" une tête humaine réduite, ne portant que sur cette zone (la crosse, la croix et la mître) et des signes et des inscriptions. La zone du milieu, beaucoup plus étendue, porte une sorte de dragon, en arrière et au-dessus duquel, vers la première tête est un bras et une main, dans l'attitude de la bénédiction. En avant du dragon se trouve un guerrier ou autre personnage portant une lance ou un épieu, semble-t'il. Devant lui, court un animal, chien ou lièvre ; ces figures sont entre la première et la deuxième têtes. Entre la deuxième et la troisième, un autre animal, précédant le premier et courant ; ensuite, un niveau de maçon ; au-dessus, un T au Tau surmonté d'un point en forme de petite boule et une inscription. Entre la troisième et la quatrième têtes sont deux autres personnages. On dirait deux enfants qui se regardent et se donnent la main. Enfin, entre la quatrième et la première tête, vers cette dernière, il me paraît y avoir un soleil à plusieurs rais et un disque partagé par un demi-cercle. Il n'y a aucune gravure sur la zone inférieure. Jusqu'ici, personne n'a interprété les gravures de ce bénitier, dont M.J.Roman n'a pas parlé dans son Répertoire Archéologique".
Les fonts baptismaux sont du 12e siècle.
Et comme partout dans Saint-Véran, le coq, symbole du village, avec sa devise :
"Saint-véran, le pays où les coqs picorent les étoiles" !
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