A l'ombre d'un épouvantail...
Avant de partir d'un bon pas nous inscrire aux visites de l'été proposées par les associations, les services du Patrimoine ou les guides-conférencier-ères et autres historien-nes des Hautes-Alpes, avant d'entrer dans les églises toutes fraîches pour enrichir nos connaissances en histoire de l'art religieux, arrêtons-nous aux jardins, dans l'ombre des épouvantails...
Qui oserait s'approcher de celui-ci qui semble surgir de dessous la terre pour faire peur aux oiseaux et autres gourmands ?
Une poule peut-être ?
Les épouvantails.
Hommes de paille des jardiniers, plantés là comme crucifiés
Les épouvantails.
Aux oiseaux ne font peur que de loin
Les épouvantails,
Qui les prennent bientôt pour perchoirs
Et se posent sur leurs bras de paille,
Les épouvantails...
« Adieu bottes, chapeau, chemise, toutes ces guenilles
Ici on enterre la campagne, c'est le progrès »
Et oui d'un couperet fatal, les maitres des lieux
Ont décidé de supprimer l'épouvantail.
Johan Jacqueline
L'EPOUVANTAIL
Les cheveux en bataille
Le corps en brin de paille
Vêtu d'un vieux chandail,
C'est l'épouvantail.
Il fait peur aux moineaux
Aux corneilles, aux corbeaux,
À tout oiseau qui piaille,
C'est l'épouvantail.
Est-ce que tu oserais
Le toucher, l'embrasser,
Le prendre par la taille,
Cet épouvantail ?
Corinne Albaut
L’épouvantail
Il n’avait pas de tête
Mais portait un chapeau.
Il était à la fête
Au milieu des oiseaux.
Il avait de longs bras
Mais ne s’en servait pas.
Il n’avait pas de pieds
Mais chaussait des sabots.
Il était drôle et laid.
Moi, je le trouvais beau.
Le jour où le tonnerre
Le brisa en morceaux,
On vit pleurer la terre
Et pleurer les oiseaux.
Il n’avait pas de tête.
J’ai gardé le chapeau.
Pierre Coran
Oh la merveilleuse vie crucifiée des épouvantails ! Leurs bras grands ouverts, leur chapeau troué par les balles du soleil, leur indifférence aux modes et aux déluges ! Un idéal de vie et d’écriture. Christian Bobin
Quand j'étais rouge chandail
J'habillais un jardinier
Je protégeais son dos du froid.
Pris dans mes manches usées
Biscotos d'autrefois
Sont plus qu'un vieux bout d' bois
Je suis l'épouvantail
Qui veille sur poireaux et pois...
***
Et la fin du poème de Gabriel Meunier, dont l'intégralité est dans les commentaires. Merci Gabriel !
Voici l'hiver
on raconte qu'autrefois
on raconte que des bonhommes de neige
n'hésitaient pas à prendre la place des épouvantails
mais les chouettes ne voulurent pas de ces blanches canailles
Moralité
Les épouvantails ne bougent pas, mais ils ont une âme...
Ils ne font même pas peur !"
Un bel été à vous au jardin ou ailleurs !