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1 décembre 2018

La "Cathédrale Electrique" - Barrage de Serre-Ponçon

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 Le barrage de Serre-Ponçon, coté bassin de compensation

Il est rare de pouvoir entrer dans cette "Cathédrale Electrique". Patrimoine industriel oblige. Conditions draconniennes, réservation 15 jours avant, CNI ou passeport en cours de validité, confirmation 24h avant, tous les objets (téléphone, appareil-photo...) laissés à la consigne du site ! 

Conditions d'accés strictes, sans dérogation possible... 

C'est pourquoi vous ne verrez pas de photos de cette visite, mais seulement un lien vers le site : visite-spectacle.

Deux comédiens, Catherine Monot, qui est aussi guide-conférencière et Yvon Bricout, metteur en scène et comédien, vous emmènent dans le royaume du bruit, de l'eau, du gigantesque, des turbines et de l'énergie, dans la centrale conçue par l'architecte Jean de Mailly, et l'ingénieur Jean Prouvé, maître du métal... 

— Ce n’est pas une visite technique, c’est une visite architecturale, insistent bien les deux comédiens. 

On ne parlera pas de turbines, de transformateurs, d’alternateurs, de kilowatts-heure, des Euclids...

Non, on vous racontera le rêve de l’ingénieur Yvan Wilhelm d’apprivoiser la Durance « cette chèvre sauvage », cette rivière dont Madame de Sévigné disait : « je crains votre Durance comme une bête furieuse », allant jusqu’à la traiter dans ses Lettres de « chienne... qui a le diable au corps. »

On vous parlera de l’architecte Jean de Mailly et des ingénieurs Jean Prouvé et Jean Courbon qui ont creusé dans la roche au pied du barrage une fabuleuse cathédrale électrique, de la ville éphémère qui a été créée de toutes pièces pour les ouvriers du chantier. 

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C'est d’abord la descente en voiture au-dessus du lac, la toile d'araignée de câbles électriques qui sortent de l'usine, c'est la construction en terre gigantesque du barrage entre deux verrous de roche très dure,

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 Ce sont les nombreux pylônes, les oiseaux aquatiques qui volent comme dans un film fantastique au-dessus de la retenue d'eau toute en remous des turbines déjà bruyantes.

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Voir discuter les architectes, les créateurs, les ingénieurs, les Ivan Wilhem, mort avant le début des travaux; Jean de Mailly, Jean Prouvé, Auguste Labouret. Les écouter rêver en poésie et en ingéniosité.

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 Trouver dans ce monstrueux édifice qu'est la Salle des machines, de la légèreté, de la beauté. Oui, j'ai senti la caresse de la création, les contrastes des matières, de l'eau à la lumière, de la roche à l'aluminium. Des trésors d’invention, un lieu défiant la nature et l'humain, mais secret, caché, confidentiel.

 

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 Ici, c'est la même dimension, la même passion que chez les bâtisseurs de cathédrales, avec d'autres techniques, d'autres matériaux, d'autres cultes, empruntés aux époques, aux courants, aux modes. 

Ici, on entend les milliers de bâtisseurs de barrage, onze d’entre eux morts au travail avant la fin des travaux.

 

Quand la nécessité n'empêche pas la beauté, l'usine prend des airs de poésie.

 

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Une nef de cathédrale creusée sous le roc, au cœur de la montagne, une porte en majesté, rondeur de ses hublots, brillance de son métal, lignes fendant l’espace, beauté de la roche qui affleure, sombre, brillante, élégance du béton lissé, du sol de granito, légèreté du verre, douceur de l’éclairage. On est ailleurs, on imagine ne plus être sur ou sous terre, mais dans le Nautilus de Jules Verne, sans plus aucun lien avec les hommes. On oublie que au-dessus de nous, se déploie un barrage de 124 mètres de haut sur 630 mètres de large. On oublie ce mur au-delà duquel sont retenus 1,27 milliards de mètres cube d’eau, que s’il venait à céder, le raz-de-marée dévasterait la vallée de la Durance, la basse vallée du Rhône, la Camargue et Avignon.

 

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 Le bassin de compensation, de l'autre côté du lac...

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Le barrage, avec les eaux du lac de Serre-Ponçon qui frémissent et viennent lécher le mur qui semble dérisoire... 

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Un détail de la fresque réalisée par Rousset-les-arts en 2010. Rousset, le village "sous" le barrage...

Capture d’écran (8)

Pour la construction du barrage, on construisit un village éphémère, le quartier du Claps pour loger les ouvriers qui se sont relayés sur le chantier ou qui s'y sont installés. L'éphémère parfois se prolonge... plus de 60 ans !

On a le tournis quand on pense à la construction du barrage, ce géant de terre et d’argile. On imagine la dévastation de la vallée, les villages rasés, les habitants déplacés, les drames. On imagine les efforts des hommes sur le chantier, jusqu’à 5000 personnes sur cinq ans, hors du monde, logés dans des maisons éphémères à Rousset, à Espinasses, la Bréole, et le dortoir des célibataires, et le réfectoire de 2000 places, et la salle de spectacles. Une marée humaine travaillant de 2h du matin à 22h. Quatre heures de silence en 24 heures. Une noria continue d’engins sur les pistes éclairées la nuit.

Les accidents qui endeuillent le chantier. Onze morts, leurs noms sur une modeste plaque.

 Aujourd’hui, 18 hommes s’activent pour l’entretien du lieu qui est géré par informatique à distance. Où ?

 

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L'autre côté du barrage, le bassin de compensation, et en aval, les village de Rousset, Espinasses...

***

Cette visite, organisée par l'atelier d'écriture Écriture buissonnière, était suivie d'un atelier.

Les textes en rouille sont de Christiane Deligny

Les textes en pétrole sont les miens

 

Mur de terre

 

Eau derrière

 

Nous devant        soleil

 

Entrer dans l'antre de la nuit électrique

 

L'eau turbine...

 

pulsion

 

pulsion

 

respiration

 

chuintement

 

rythme mouillé de cette masse amassée piégée capturée

 

Torrents glaciers ruisseaux rivière tous réunis là

 

Derrière le mur

 

et moi toute petite devant

Madeleine Adam

 


 

 

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Commentaires
T
Bonsoir, une très jolie série
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C
Merci pour ce partage. Nous avons visité le musée qui est très intéressant. J'adore l'arrivée sur le lac, et bien sur la petite chapelle sur son îlot. J'adore la région, fidèle de Vars été comme hiver! Quelle chance de pouvoir y vivre!
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G
passionnant, glaçant, révoltant...<br /> <br /> <br /> <br /> en remerciement je vous offre ceci <br /> <br /> http://www.le-capital-des-mots.fr/2014/11/le-capital-des-mots-gabriel-meunier.html<br /> <br /> <br /> <br /> bonne lecture
Répondre
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