Le 16 novembre 1959, les vannes du barrage se ferment pour commencer le remplissage de la retenue. 18 mois plus tard, le 18 mai 1961, pour la première fois, le lac est plein. La mise en eau de la retenue a pour conséquence de submerger les villages de Savines et d'Ubaye, situés au-dessous de la côte 780.
Il est décidé de reconstruire le village de Savines. Les discussions sont vives pour savoir si le nouveau village sera bâti en rive gauche ou en rive droite, plus ensoleillée. C'est la rive gauche, celle du village d'origine, qui est choisie, entraînant la nécessité de construire le pont de 920 mètres de long traversant les deux rives du lac.
A Ubaye, le village n'est pas reconstruit, mais le cimetière est transporté en bordure du lac. La mise en eau du barrage oblige ainsi à procéder au déplacement de près de 1 500 personnes... (site de la SMADESEP)
Le 3 avril 2015 à 17hoo, la côte du lac était de 759,09 mètres, soit 20,91 m en-dessous de sa côte de remplissage optimal. Chaque année à la fin de l'hiver, le lac est en période d'étiage, pour laisser la place aux crues de fonte des neiges.
La chapelle Saint-Michel
La chapelle Saint-Michel, construite au XIIe siècle et détruite en 1692 par les troupes du Duc de Savoie, aurait du être rasée lors de la construction du barrage, mais comme elle était à une altitude légèrement supérieure à la cote maximale du futur lac, elle fut finalement sauvegardée. Désormais la chapelle trône seule sur un îlot de quelques dizaines de mètres carrés au-dessus du niveau du lac. Le cimetière a été englouti, et la chapelle murée.
Des offices religieux sont parfois célébrés sur des embarcations à proximité de la chapelle. En période d'étiage, on peut y accéder à pied sec.
Et de près, on la voit mieux, cette chapelle, la plus photographiée du département...
On voit mieux ses détails, un coeur dans une porte, une pierre de pressoir...
Et la croix de 1891, qui faillit se noyer dans le lac, un jour de 1961...
Au fond du lac
Des paysages insolites se découvrent alors
Avec des lumières étranges.
Et quand on marche dans le lac, on découvre
Troncs d'arbres morts et coquilles de moules d'eau douce,
vieux ceps de vigne, bidons et pneus,
une ancienne rue bordée d'arbres ?
La cellule alpine de recherches archéologique a travaillé pendant 3 jours, profitant des basses-eaux, sur un site en aval de la baie Saint Michel, un archéologue ayant signalé des traces de constructions, qui orienteraient l'équipe vers des ruines datant de l’occupation romaine.
Photo Dauphiné Libéré
Le viaduc de Chanteloube
Dans la Baie de Chanteloube, qui reçoit les eaux du torrrent des Moulettes, affluent rive droite de la Durance, un viaduc fut construit en 1903... pour rien. On peut le voir et le photographier en période de basses-eaux.
Ce pont devait à l’origine servir de voie ferrée reliant Chorges à Barcelonnette.
Mais le projet de la ligne de chemin de fer fut définitivement abandonné en 1936. On parle aujourd’hui de la « ligne de chemin de fer inachevée ».
Quand le lac est plein, il est complètement submergé. Il mesure 234m et possède 14 arches. Il débouche sur un tunnel se développant jusque sous le centre de vacances des Hyvans
Le style architectural est typique du style Paul Séjourné. Paul Séjourné, né en 1851 à Orléans et mort en 1939 à Paris, est un ingénieur français, et constructeur de grands ponts en maçonnerie pour lesquels il a apporté d’importantes innovations.
On peut marcher sur le pont. On peut même y danser... mais attention, les parapets sont bas, le pont n'ayant pas vocation à voir passer des piétons ou des véhicules non guidés.
Et nous irons jusqu'au bout de ce lac, un des plus grands lacs artificiels d'Europe , jusqu'au barrage de Serre-Ponçon.