Hors-saison à Embrun
Marcher lentement dans la ville, outrepasser les cathédrales et les lumières de Noël, fermer presque les yeux, trouver des secrets entre les pierres.
Sur les portes, sur les toits, écouter les murmures de la ville, les signes que l'histoire a laissés ici et là. Imaginer le silence, deviner les bruits. Méditer la ville.
Observer et se sentir épiée...
Du haut du roc, un chemin qui brille entre les arbres
Sur une porte, la croix occitane tente d'apparaître par le bois comme un spectre
En face de la Villa7 Louise... Qui est Louise ? Quand a-t-elle vécu ici ? Allait-elle chaque matin compter les nuages sur les pentes de Saint-Sauveur ? Ouvrait-elle le portail en fer de l’autre côté de la rue pour descendre au jardin ? Et le soir, au moment où le soleil s’attarde sur les parois du roc avant de plonger au fond de la vallée de la Durance, elle prenait son temps avant de remonter, seule au jardin. Alors elle suivait l'astre du regard jusqu’à ne plus voir les marches de pierre qui la ramèneraient à la villa, plus tard...
Est-ce un conseil ou un ordre ? Tirez sur qui... sur quoi...
La grande maison carrée qui s’appelle Le Pigeonnier est devenue un gite pour pigeons voyageurs,
ils se retrouvent parfois sur les bancs du jardin, près du monument de Clovis Hugues, avec les neveux sages, enfants éternels, fixés par la femme de Clovis, la sculptrice Jeanne Royannez.
Vivre sur un roc, sentir les chanoines me frôler quand je marche dans le jardin, apercevoir les fenêtres à accolade et les restes de leurs dentelles de pierre qui réapparaissent sous le restauration de 1939 du palais des archevêques, c’est un rêve peut-être...
Quand les murs parlent. Voyage forcé ou exil choisi…
Celui que je préfère. Graffiti en lettres blanches, illisible car raturé soigneusement. Sans doute un message qu’il ne fallait plus lire… Il n'était plus d'actualité, il n'avait plus de sens. Un amour fini...
La bonté dans tes coeurs et les fleurs dans tes murs… écrit Clovis Hugues dans son poème à la gloire d’Embrun.
Entre les pierres des vieux murs, quelques fleurs ont séché car nous sommes en décembre. Si les murs d’Embrun offrent des fleurs, les murs d’Embrun parlent parfois. Et Embrun se lit comme un livre ouvert, un livre de poèmes.
Il faut savoir marcher lentement, s'arrêter et écouter... les portes qui parlent
Les fontaines qui parlent...
Un mur se cache derrière une grappe ivre
Ou l'entrelacs de la vigne vierge. Cri silencieux de ce masque découvert avec stupeur. Le cri léger, c'est le mien... Qui est le plus surpris des deux ?
C’est le passé qui s’impose, c’est l’histoire de la ville qui sème ses indices ici et là… Et aujourd’hui ?
Aujourd'hui ? La place était vide, la fontaine s'était débarrassée de ses géraniums, c'est la première fois que je la voyais sans cette grille métallique sensée la protéger. Elle trônait sur la grande place de la Mairie et semblait défier la tourelle de l'hôtel de la Mazelière...
Aujourd'hui, les yeux perçants du monstre et de sa victime
m'épiaient,
comme l'archevèque au regard triste, figé au coin de la rue...
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Du riche passé d'Embrun, avant même que la ville soit le siège de L’archevêque-prince d'Embrun, on découvre au hasard des promenades, des restes des édifices religieux de la ville, des remplois de pierres, posés ici et là.
Épier la ville
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