La chapelle Saint-Arnoul de Saint-Chaffrey et ses peintures murales du XVe siècle
Saint-Chaffrey est une commune de la vallée de la Guisane, située à 1365 mètres d'altitude et à 5 km au Nord-Ouest de Briançon, en direction du col du Lautaret. Le village de Saint-Chaffrey est un des départs de la station Serre-Chevalier-Vallée.
Le nom de la localité est attestée sous la forme latine Sanctus Theotfredus et Sanctus Theofredus en 1118, Sanctus Theoffredus en 1299. Le nom de ce saint reste stable jusqu'en 1540, date à laquelle Théofred devient Chaffrey avec un saint Chaffre. Sant Chafrei en occitan.
La chapelle Saint-Arnoul, située sur les hauteurs de la commune, est réputée pour être l’un des édifices religieux les plus anciens du Briançonnais. Nous pouvons raisonnablement penser que l’église est présente au tout début du XIIe, voir à la fin du XIe siècle. L’édifice est surtout connu pour les peintures murales du XVe siècle représentant le martyre de saint Sébastien et ornant les surfaces de la chapelle latérale sud.
Construction atypique, dotée de maçonneries hétérogènes et bâtie sur des sédiments, l’église souffrait de désordres liés à l’instabilité des terrains et à l’humidité. Dans le cadre de sa restauration, une fouille archéologique a été menée en 2013 par une équipe de la société Archeodunum investigations archéologiques.
L’étude des maçonneries n’a pu se faire que sur les fondations et les parements décroûtés situés au chevet et au nord-est de l’église. Ces observations font apparaître un bâtiment complexe ayant subi de multiples reconstructions et réfections. La première chapelle était une nef rectangulaire datant des X-XIIe siècles. Un premier chevet et une abside surbaissée semi-circulaire sont ajoutés, puis un bâtiment "collatéral" au Nord, pouvant être daté de la fin du XIIIe, début du XIVe siècles. Une construction carrée située au sud de l’édifice, au niveau de l’épaulement entre la nef et le chevet, pourrait correspondre à un clocher. Au XVIIe siècle, le mur sud est en grande partie reconstruit.
Le collatéral nord est détruit et un mur de placage est collé contre l’édifice, bouchant les arcades.
(source archéologiques : Archeodunum)
Mais quel est ce "saint Arnould né en 136 après Jésus-Christ" qui s'inscrit sur le porche ? certainement pas le notre : Le vocable de notre chapelle fait référence à Saint Arnoux de Gap (parfois orthographié Arnoul ou Arnulphe). Né à Vendôme, il fut l'évêque de Gap de 1065 jusqu'à sa mort, entre 1074 et 1079. Il est le saint patron de la ville de Gap. Il est venu pour remettre un peu d'ordre dans l'évêché d'Embrun... Hum.
Insolites Hautes-Alpes !
Cubitus ?
43 sépultures ont été mises au jour. Toutes sont primaires et simples à l’exception d’une tombe occupée par deux individus immatures. Les ossements sont majoritairement bien conservés mais un fort taux de recoupement est à noter.
Une chapelle latérale voûtée sur croisée d'ogives en tuf, affiche huit scènes de la vie de saint Sébastien, très invoqué contre la peste, à l'instar de saint Roch.
Près d'une petite fenêtre, Sébastien tenant un faisceau de flèches, paraît devant Dioclétien à le porte de son palais.
L'empereur porte un chapeau Louis XI à couronnes. Derrière lui, apparaissent les têtes de deux conseillers.
Sur la voûte, se déroule le martyre de Sébastien,
qui est ensuite assommé par deux bourreaux,
deux anges recueillent son âme dans un linge blanc.
Sur le mur Ouest, il apparaît à une pieuse femme nommée Lucine,
qui préside ensuite à sa mise au tombeau.
Le peintre montre de la grâce et de l'élégance dans les tons clairs, mais il sait aussi donner du relief et de l'énergie à ses figures, écrit Gabrielle Sentis.
© Monuments historiques
Certaines ressemblances dans le traitement des cheveux, des mains, des vêtements, nous feraient croire qu'il est également l'auteur de la vie de saint Pancrace à la chapelle de Villar-Saint-Pancrace, remarque encore Gabrielle Sentis (L'Art en Briançonnais, la pein ture du XVe siècle, 1970)
Après la visite avec Renaud Philip, guide du patrimoine de Serre-Chevalier-Vallée, il est doux d'aller s'asseoir sur ce banc et de méditer sur le talent des femmes et des hommes, les aventures des saints et des chapelles, l'éternité entachée d'éphémère... À moins que ce soit le contraire.