Notre-Dame de France, l'oratoire "perché" de L'Argentière-La Bessée
Perché, c'est bien cela... sur une falaise au bord de la N94 à la sortie Sud du village de L'Argentière-La Bessée. Cet oratoire a une histoire et vient d'être restauré.
En octobre 2012...
... L'oratoire avant sa restauration. La statue de la Vierge avait un peu souffert des ravages du temps et des flammes de l'incendie du Bois de France en 2003.
Inauguré le 12 septembre 1954 pour l’Année Mariale, il fut construit avec l'aide des bonnes volontés et notamment des ouvriers de l'usine Pechiney, en action de grâces pour "la protection spéciale de la Très Sainte-Vierge du pays de l'Argentière, au cours des bombardements de la guerre 1939-45". Ce petit monument était autrefois éclairé chaque nuit...
Photos : Marie-Laure Marfoure
Lundi 4 novembre a eu lieu la réception des travaux de rénovation de l’oratoire, en présence de Monsieur Patrick Vigne, maire de L’Argentière, des membres de la commission des travaux, des agents des services techniques, du Père Édouard Leconte et de Corinne Apilli, artiste.
Quelques éléments de plâtre de la construction ont été refaçonnés et la statue s’est vu offrir une peinture toute neuve.
Cette réception des travaux intervient à la suite de la bénédiction de Notre-Dame de France en présence de l’évêque Monsieur Xavier Malle.
le 9 novembre 2019
L’oratoire, qui fait partie du petit patrimoine de la commune, a lui aussi subi quelques transformations.
les agents des services techniques ont travaillé à l’adjonction d’un socle, la peinture de ses grilles et l’ajout de plexiglas sur les ouvertures, protégeant ainsi plus efficacement la statue.
La statue a désormais retrouvé sa place
Elle regarde à nouveau avec bienveillance l’ensemble de la commune.
Photo : Marie-Laure Marfoure
Restitution des travaux sous la pluie...
Quand on peut voir que cet oratoire est assez difficile d'accès...
Un autre oratoire haut-alpin sous la pluie, sur une toile d'Achille Mauzan, peintre, affichiste du courant Art-Déco, né à Gap en 1883 et mort en 1952 dans cette même ville. Cette toile est exposée au Musée-Muséum de Gap.
Depuis la loi de 1905, concernant la séparation de l'Eglise et de l'Etat, les églises présentes avant 1905 sont restées la propriété des communes. Celles érigées après cette date sont devenues propriétés des diocèses à travers des associations (c'est la cas pour l'église Sainte-Catherine de Briançon, inaugurée en 1933).
Les oratoires, petits édifices construits par des personnes qui voulaient remercier de les avoir préservé d'une guerre ou d'une épidémie ou pour demander la protection d'un saint, sont le reflet de croyances ou de superstitions, ils représentent un "petit patrimoine vernaculaire" et sont partie intégrante de l'Histoire des communautés, des gens. Ils sont un peu de la mémoire des villages. Certains sont sur des terrains privés, d'autre appartiennent aux communes où ils sont implantés...
Les ancêtres des oratoires : pierres, arbres, eau...
Les pierres levées, les menhirs de Bretagne et ceux de Corse (datés de 2900 à 2700 avant l’ère chrétienne) peuvent être considérés comme les ancêtres des oratoires, ainsi que le culte de l'arbre et celui de l'eau, sources sacrées, eaux qui guérissent.
Les Romains bâtissaient des oratoires dans leur maison, les Laraires, ainsi que le long des voies et aux carrefours.
Les premiers évangélisateurs de la gaule s’efforcèrent de détruire ces témoins des cultes païens qui perdurèrent dans les campagnes pendant presque dix siècles. Dans le courant du IV° siècle divers conciles dont celui d’Arles condamnent "ceux qui adoreront les arbres, les fontaines et les pierres" Confrontée à la réticence des populations, qui se refusent à les abattre, l’Église entreprendra de les christianiser.
Cette christianisation qui prendra plusieurs siècles, sera faite en fixant des croix sur les menhirs ou en les renversant, en dédicaçant les fontaines à la vierge ou à des Saints, et de même en ce qui concerne les Arbres sacrés, Saint Augustin déclare « Il en est des bois sacrés comme des gentils*, on n’extermine pas ces derniers, on les convertit, on les change ; de même on ne coupe pas les bois Sacrés, on les consacre à Jésus-Christ ».
... Depuis la nuit des temps les civilisations, même les plus primitives, ont laissé l’empreinte de leurs croyances, de leurs coutumes et de leur foi au travers des monuments divers qu’elles ont érigés. (Connaissance et sauvegarde des oratoires)
Foi ou croyances ? Coutumes ou superstition ? Toujours est-il que ces petits édifices construits par les gens sont un peu de l'histoire d'un village, d'une communauté, une histoire héritée des cultes payens. Ils méritent, à ce titre, toute notre attention. La diversité de leurs constructions, de la création dont ils ont fait l'objet et du savoir-faire ancestral, des petites ou des grandes histoires qu'ils racontent... sont autant de richesses à préserver.
En voici quelques-uns, ceux d'une vallée, d'un alpage, d'un village, d'un jardin privé :
http://www.hautesalpesinsolites.com/archives/chapelles_et_oratoires/p30-0.html
* : Gentils : Gentils, du latin Gentiles, est la traduction habituelle de l'hébreu Goyim, nations, qui finit par désigner les non-Juifs. Les auteurs chrétiens ont aussi employé ce mot pour désigner les païens. Aujourd'hui le nom dérivé Gentilé sert à définir les habitants d'un lieu.