Les coulisses d'un concert, Vallouise - Festival Musiques en Écrins
Chaque fois que j'assiste à un concert de musique classique dans un église, je me demande comment le grand piano à queue est entré, par le porche suivi d'un sas avec une petite porte... (On en profite pour découvrir la belle église Saint-Etienne de Vallouise...)
Et voilà que j'ai l'opportunité d'assister à l'installation du piano dans l'église de Vallouise, pour un concert du festival Musiques en Écrins, et pas des moindres : le Stimmung Trio, Emmanuelle Bertrand violoncelle, Michaël Levinas piano et Christophe Giovaninetti violon, avec au programme, Ludwig Van Beethoven trio N°7 op.97 à L'Archiduc, Toru Takemitsu, Between Tides et Franz Schubert Trio N°2 op.100.
Assister à l'installation, une idée de l'Office du Tourisme du Pays des Écrins (Les coulisses des Écrins). Je croyais naïvement qu'il y aurait des déménageurs musclés, de la sueur, des "han !" des "ho !", je voyais un démontage compliqué du sas (sur la photo)
J'avais même imaginé une grue... le piano suspendu... comme ici à Genève (photo Elisa Casciaro-rts) pour une fête !
À 14h j'étais sur place, à attendre avec les organisateurs du Festival l'arrivée du piano, avec le technicien qui installait les lumières...
Des cartons, des chaises, les livres de messe laissant de la place pour la console, des coussins pour le confort des spectateurs, un peu de stress... beaucoup de suspense car le piano n'arrivait pas...
C'est finalement à 17 h que le camion s'est garé devant le porche et a débarqué une sorte de chrysalide rouge et noire...
Toute la façade du sas s'ouvre facilement,
La chrysalide entre lentement, en silence, sous le regard soulagé et admiratif de tous,
Un instant magique...
Le piano monte sur la scène grâce à des rails
Déploie ses pieds...
En quelques gestes précis et dans le plus grand calme, le piano est debout
On serre encore quelques boulons...
On dépose la housse,
L'installateur (admirable) fait l'accord... émotion.
On le débarasse de ses dernières "membranes"
Je viens d'assister à la naissance d'un papillon noir, à "l'émergence" d'un piano...
Pendant ce temps les autres instruments sont arrivés avec leurs musisiens : le violoncelle au dos d'Emmanuelle Bertrand,
Le violon de Christophe Giovaninetti,
Tandis que Michaël Levinas s'installait au piano...
La répétition a pu commencer. Les musiciens m'on gentiment autorisée à prendre des photos : "du moment que nous ne faisons pas trop de grimaces !"
Et je suis sortie après quelques photos, je les ai laissés travailler pendant une heure et demi
Je suis allée m'asseoir sur un banc sous la chapelle des Pénitents (il faisait jour encore !). Par les murs de pierre de l'église Saint-Etienne du XVe siècle, une des plus belles du département, sortaient des phrases entières de la musique de Beethoven, Schubert et Takemitsu... un beau moment, pendant lequel je voyais entrer et sortir des familles entières de vacanciers, attirés par les notes qui semblaient s'échapper de la pierre et se répandre dans les rues du village...
Plus tard la foule des festivaliers s'est rassemblée...
Les lumières de la salle, non, de l'église se sont éteintes... Et la musique... et la magie... le talent...
Dans un silence du sublime Trio de Takemitsu, Between wides (entre les marées), une cloche de l'église a sonné et la note était juste. Elle a évoqué pour moi la cloche d'un navire dans la brume...
Bravo et merci. Vos immenses talents sont au service du Stimmung Trio et offrent un récital tout en nuances, sans jamais l'expression d'un ego de l'un ou de lautre... sans prédominance de l'un sur les autres.
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Une dédicace spéciale à Philippe Justet, grand maître de la mutation mais aussi, loueur et accordeur de pianos "des plus grands" à Aix-en-Provence, sans qui la musique ne serait pas "vivante" !
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Le festival se termine le 16 août avec un concert de Jean-François Zygel qui improvisera sur Bach et Mozart
https://www.musiques-en-ecrins.com/concerts-2019/