Écrins de nature à la Maison du Parc de Vallouise
Petites bêtes ou grands oiseaux, escargots, papillons, flore, roches, chauve-souris... mais aussi passionnés et artistes, s'étaient donné rendez-vous à la rencontre de la biodiversité. À deux pas de chez nous, il suffit de prendre son temps, regarder en l'air ou au sol, respirer des parfums d'allégresse, admirer les prodiges de création de la nature, entre torrent et bois, roche et pétales fragiles, au ciel ou sous terre, de nuit ou de jour, avec une longue vue ou une loupe, un livre, un filet à papillons, un pinceau, des couleurs, un peu d'eau...
J'ai choisi la sortie botanique. 3 heures sur un court sentier de sous-bois, à observer et s'émerveiller, apprendre et s'attendrir, devant de toutes petites feuilles, de délicates couleurs, des arbres près du torrent, le mystère du génie des plantes...
C'est par là !
Pierre et Marie, deux guides du Parc des Écrins, nous emmènent au pas lent des botanistes...
Voici un arbuste d'épine vinette en fleurs,
Le sceau de Salomon, polygonatum : il est odorant, multiflore ou verticillé; il suffit de toucher sa tige pour le savoir. Cylindrique chez le multiflore, anguleuse chez l'odorant, le verticillé est... vertical.
La sauge sauvage prête ses fleurs pour nous montrer comment elle caresse le dos de l'insecte polinisateur qui ose pénétrer sa corolle... et comment il en ressort couvert de pollen...
Nous croisons des gens bizarres équipés de longues vues qui s'amusent beaucoup...
Sous les ailes de l'aigle-cadran-solaire qui s'ennuyait un peu sans soleil...
On sort les livres ! Il faut parfois chercher, car reconnaître une plante sans ses fleurs...
Comme mademoiselle potentille qui va bientôt fleurir....
et la dame de 11 heures qui attend 11 heures pour s'ouvrir. On l'appelle aussi ornithogale en ombelle
La renouée bistorte (à cause de sa racine deux fois tordue) et sa neige rose. On ne la trouve pas en-dessous de 300m d'altitude et elle adore les prés de montagne...
La colchique d'automne, quant à elle, qui a fleuri à l'automne (comme son nom l'indique) fait un fruit au printemps entre les longues feuilles qu'elle s'est laissé pousser...
Mais quel est donc cet arbre aux grappes blanches ? C'est le prunus padus ou merisier à grappes. Mais approchons-nous...
...pour respirer le merveilleux parfum de ses grappes. Il ne donnera que quelques baies noires très aigres et astringentes. On l'appelle aussi bois-puant à cause de l'odeur qui se dégage de son bois quand on le fend !
Et voici les entomologistes ! On les reconnaît à leurs grands filets qu'ils font danser dans l'air... l'année prochaine je m'intéresserai aux insectes
Et ce violet inimitable couvert de duvet ? C'est l'anémone des Alpes (il parait qu'elle n'a plus le droit de s'appeler "pulsatille")
Plongeons à l'intérieur de sa corolle et plus loin, observons son fruit : photogénique, non ?
Voici la délicate alliaire officinale à feuilles pétiolées... Elle est si élégante avec la dentelle de ses feuilles et ses petites fleurs blanches, qu'on lui pardonne d'être un peu envahissante... (cliquer sur les photos pour les agrandir)
On m'appelle polygala vulgaris ou laitue commune et j'ai de jolies petites fleurs mauves...
"Désolée, je ne vous attendais pas de si tôt" semble nous dire la fraxinelle (dictamnus albus), fleur devenue rare et protégée.
"Mais revenez dans moins d'un mois, voici la fleur que je vous offrirai. En attendant je vous autorise à prélever une de mes feuilles et à l'écraser entre vos doigts : respirez vos doigts maintenant ! Quel parfum, non ?"
Les aquarellistes se sont installés au bord du torrent : il faut de l'eau pour l'aquarelle, mais un torrent quand-même...
Listera ovata, c'est le joli nom que je porte. Je suis une orchidacae. Encore en bouton, je ne serai pas très spectaculaire car je garderai ma couleur verte... Il fallait me trouver, bravo !
Euphorbe douce : Pourquoi douce ? Sûrement à cause de ses formes harmonieuses et arrondies. Cette plante possède une ligne fluette et élancée. Comme toutes les euphorbes, elle contient un latex toxique et irritant. À maturité, les glandes de son involucre deviennent pourpres. Il faut s'approcher très prés pour apprécier la tendresse de son involucre rouge...
Nous l'avons cherchée et nous l'avons trouvée : Viola biflora, une violette jaune qui donne deux fleurs. Il y avait aussi viola mirabilis, notre violette bien connue, mais elle ne nous a montré que ses feuilles, qui sont "acrescentes", c'est à dire qu'elles profitent que la fleur n'est plus là pour s'épanouir...
Connaissez-vous la parisette ? Ses feuilles verticillées par quatre (cinq, même six !) sont très caractéristiques. Sa fleur unique est également très originale, elle produit un fruit sphérique et bleuâtre fortement toxique. Son nom proviendrait de Pâris, héros d’Homère qui provoqua la guerre de Troie. On l'appelle aussi "raisin de renard"
Admirons sa fleur... de très prés avec son fruit bleu...
Avant de nous quitter, allons voir les prairies de Vallouise, trolles d'Europe et narcisses ont peint un tableau en jaune et blanc...
Land-art dans les mêmes tons...
La journée s'est terminée pour moi avec une visite de Vallouise autour de sa toponymie, avec Vallouimages et une visite du moulin de Vallouise avec Claude Altobelli. Cliquer sur l'image pour voir l'article sur le moulin...
Et merci aux guides du Parc national des Ecrins pour cette fête de la nature, pour leur accueil chaleureux, leurs réalisations qui rendent heureux...
Quand, sous le gigantisme des montagnes, on écoute les secrets des choses minuscules...
***
Pour aller plus loin :
L'excellent site Florealpes