L'église Sainte-Marie-Madeleine des Orres
Avant d'être la station de ski bien connue, Les Orres est un vieux village avec ses hameaux surplombant la vallée de la Durance, une petite commune qui ne faisait pas trop parler d'elle, jusqu'à ce que la station de ski sorte de terre dans les années 1970.
Il faut parfois ranger un peu les skis pour descendre au chef-lieu et flâner dans les petites rues aux vieilles fermes avec leurs toits très bas parfois couverts de lauzes qui brillent au soleil et faire le tour de l'église Sainte-Marie-Madeleine qui illumine le lieu avec ses belles pierres jaunes... Les Orres ce sont huit hameaux ou villages, où de belles terres bien orientées au Sud, ont fait de ce village une énorme ressource en blé pour Embrun. l'église est située sur le village du chef-lieu (1450-1520 m).
Il existe un lien sémantique entre « Les Orres » et l’occitan òrri (grenier(s), grange(s)) qui dérivent étymologiquement tous deux du latin horreum(entrepôt, magasin, grenier, grange, surtout pour conserver les céréales). (Merci à Paul Billon-Grand)
Probablement construite entre la fin du XVe et le début du XVIe siècles, quand Jean Bayle archevêque d'Embrun fut à l'origine de nombreuses constructions d'églises et de chapelles ainsi que de la création de nouvelles paroisses dans l'Embrunais, Sainte-Marie-Madeleine a remplacé un édifice plus petit. L'ouvrage se caractérise par son clocher d'influence romane, typique de la région avec ses quatre pyramidions. Ceux-ci sont agrémentés de gargouilles.
La porte principale en plein cintre est encadrée de trois colonnettes en retrait soulignées de chapiteaux à simples moulures avec une porte de bois, dont les vantaux sont finement sculptés (avec une imposte ornée d'entrelacs gothiques). La porte fut jadis abritée par un porche de pierre reposant sur des lions, dont l'un est exposé sur le mur de la terrasse. L'auvent, détruit à la fin du XIXe siècle, protégeait un décor peint représentant le thème des vices et des châtiments, comme sur le mur extérieur des églises des Vigneaux et de L'Argentière, ainsi qu'à l'intérieur des chapelles Saint-Jacques de Prelles et ND des Grâces de Plampinet.
L'inscription 1501 sur le piédroit de la porte principale peut attester de la date de construction de l'église.
Une chouette en bas-relief en pierre de tuf cache dit-on un rébus autour du nom de l'architecte, peut-être Chouet ou Chovet.
Sous l'auvent, on devine des restes de peintures murales, une colonne des ailes d'anges de part et d'autre. Joseph Roman (1840-1924), historien haut-alpin, décrit les vertus, les vices et les châtiments ; il les voit donc, à la fin du XIXe siècle.
L’église a fait l’objet de restaurations ponctuelles sous la maîtrise d’oeuvre de Sylvestre Garin, architecte du Patrimoine et sous le contrôle de la Conservation régionale des monuments historiques. Le décapage, de 15 m2 de superficie et de 25 cm à 35 cm d’épaisseur, réalisé pour préparer la réfection du niveau de circulation devant l’entrée principale et latérale de l’église, a mis au jour trois fosses, emplies d’ossements humains. Elles correspondent à des fosses ossuaires, contemporaines ou de la fin de l’époque moderne comme l’indiquent les rares vestiges mobiliers recueillis. La principale fosse, d’environ 4 m de circonférence, est exactement située dans l’axe de passage, devant l’entrée de l’édifice.
Tout au long des XIXe et XXe siècles, des travaux sont réalisés.
En 1837, les planchers de la nef et du choeur sont restaurés.
En 1854, le clocher couvert d'ardoises est remplacé par un ouvrage plus important et plus haut. Un étage maçonné est ajouté, une flèche en tuf vient le couronner. les travaux sont achevés en 1858. En 1957, les murs de la nef et du choeur fragilisés par une secousse sismique ont été consolidés par des tirants en acier. En 1991, une nouvelle restauration concerne les partie supérieures du clocher.
Quelques sculptures, gargouilles et masques...
Sur l'esplanade devant l'entrée sont exposés charrettes et traîneau...
Tandis que le lion veille...
Sur les toits et sur les hameaux...
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Sources :
Panneau devant l'église
https://journals.openedition.org/adlfi/6292