Un 11 novembre 18 à Cervières
Loin des musiques militaires, des parades et des casques rutilants, Cervières avait revêtu hier son habit bleu-horizon et son camouflage de brume...
Un temps de poilu en effet quand la belle église Saint-Michel du XVe siècle apparut dans une trouée des nuages.
On aurait dit que tout le village était là, invité par les 26 soldats morts au combat et les autres, ceux qui étaient revenus, une centaine...sur les 459 habitants recensés en 1911.
Oui, tout le village était là, dans le petit cimetière autour de l'église
À Cervières, on se retrouve près des deux églises du village, Saint-Michel et Saint-François... Avec Monsieur le maire, un poilu et un jeune soldat. Cervières est marqué par les guerres, avec ses enfants morts dans les guerres d'aujourd'hui, en Syrie, en Afghanistan et au Mali et l'incendie du secteur des Colombines par les Allemands, le 4 septembre 1944. " 126 maisons ont brûlé, seule une trentaine est restée debout. Les réserves de foin sont parties en fumée, tout comme le bois gardé pour faire des bardeaux. Heureusement que peu de personnes se trouvaient dans le village. Elles étaient dans les chalets d’alpage ... Il y avait encore des braises, un mois après l’incendie ", souligne M. Faure-Gignoux. (Le Dauphiné Libéré 4-09-2014)
Sous le porche de l'église Saint-Michel, le carré militaire où l'on dépose une première gerbe
La deuxième sera déposée à l'église Saint-François du XIXe siècle, sous une plaque qui porte les noms des "Morts pour la France" lus avant que tout le monde entonne une Marseillaise qui prononce à grand peine ses mots guerriers... Un "jour de gloire" bien mélancolique...
Après les commémorations, après le recueillement, on boit un verre tous ensemble et on parle et la vie sursaute et s'étire à nouveau entre les femmes et les hommes. Les enfnats continuent à jouer, à la guerre ou à la paix...
Et quand les guerres sont finies, il y a les livres... les livres pour ne pas oublier. J'étais invitée par Catherine qui vient de créer la bibliothèque du village et qui avait installé une table de livres sur le thème qui nous avait réunis, avec La Grande Fête.
De beaux échanges autour d'un verre et de la (déjà) belle collection de la bibliothèque de Cervières ! Un pan de mémoire vivante !
Puis visite de la Maison-Musée-Faure-Vincent Dubois et son expo Cerveyrins dans la Grande Guerre, dont c'était le dernier jour avec, entre autres, l'impressionnante liste des 135 cerveyrins engagés dans ce massacre et les 26 hommes morts...
Mais la Maison reste ouverte pour son musée villageois.
Le centenaire est fini.
Rêvons que les guerres aussi...