La chapelle Saint-Vincent de Puy-Saint-Vincent
Toute blanche, elle se cache derrière un écran de mélèzes, dès le premier virage de la route qui monte au hameau de Narreyroux, à partir de la route de Puy-Saint-Vincent 1600. C'est au milieu des prés qu'elle a été construite dans le premier quart du XVe siècle, au voisinage du Puy, près d'une source dont l'eau miraculeuse était censée rendre la voix aux enfants muets. Elle est classée MH depuis le 25-10-1990.
L'histoire de la chapelle est liée à la prédication de Vincent Ferrier, prêtre dominicain, appelé par l'archevèque d'Embrun entre 1399 et 1403 pour consolider la foi des populations, ébranlée par l'évangélisation vaudoise, mouvement religieux né à Lyon dans les années 1170. Contestant les dogmes et l'autorité de l'église catholique, les Vaudois sont déclarés hérétiques au début du XIIIe siècle, puis persécutés. Leur fuite les mène en particulier dans les vallées de Vallouise, de Freissinières et du Fournel. Ils se rapprochent des protestants au XVIe siècle.
La personnalité et l'éloquence des prèches de Vincent Ferrier ont marqué la commune. Le village qui s'appelait Puy-Saint-Romain sera rebaptisé Puy-Saint-Vincent et il est décidé de fonder cette chapelle dédiée à saint Vincent de Saragosse, martyrisé en 304, patron de Vincent Ferrier. Vincent Ferrier sera cannonisé en 1455 et c'est vraisemblablement de cette époque que datent la construction et l'ornementation de la chapelle.
La chapelle comprenant une nef unique avec abside en cul-de-four est couverte d'une charpente récente. Un clocher-mur à une baie, en tuf, repose sur l'arc- triomphal. Les chaînes d'angle et les baies sont en tuf.
La cloche, datée Ao 1637 ? ne permet pas de la photographier sur l'autre face visible de l'ouverture et n'indique pas de signature. Elle n'est pas retrouvée sur l'inventaire des cloches Vallier.
La totalité des murs intérieurs est recouverte de peintures murales largement conservées et restaurées. Réalisées par des artistes itinérants lombards, elles furent découvertes sous un badigeon, lors de la restauration de la chapelle en 1978-79.
Dans le choeur, on trouve les apôtres et ce qui reste d'un Christ en majesté sur la voûte. L'arc triomphal devait être peint d'une annonciation, comme dans d'autres chapelles (voir chapelle Saint-Jacques de Prelles)
Sur le mur nord, on trouve des scènes de la vie et du martyr de Vincent de Saragosse.
Sur le mur sud, alternent des scènes de l' Évangile et des représentations de saints martyres. Sainte Lucie, sainte Marguerite, sainte Catherine, Jésus chez Simon, une Vierge à l'enfant, saint Étienne...
Ces "bandes dessinées"ne sont pas seulement un enseignement par l'image, mais des allégories de personnages hors du commun. Ceux-là sont plus grands que nature, plus beaux, plus doux, plus parfaits, auréolés, les yeux grands ouverts, dans des poses gracieuses ou plus raides, à l'instar des peintures byzantines. Contrairement au "commun des mortels" représenté dans l'iconographie romane, dans des attitudes grotesques, forniquant, déféquant, agités ou très laids...
J'ai une tendresse particulière pour la peinture de Jésus invité chez Simon, avec Marie-Madeleine qui lui lave les pieds avec ses cheveux et ses larmes, sous la table...
Ainsi que pour la tentation de saint Antoine avec le diable représenté sous les traits d'une femme cornue qui relève un pan de sa robe.
La chapelle est ouverte tous les jeudi après-midi de l'été de 15h à 18h, en présence d'un-e bénévole et pour les Journées du patrimoine, les 15 et 16 septembre de 14h à 17h
Merci à Olivier Joseph