La légende de la Rue des Masques (Guillestre)
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Entre Guillestre et Mont Dauphin, au débouché des gorges du Guil, sur environ deux kilomètres, on découvre un véritable canyon creusé par le torrent du Guil qui coule au pied de falaises de plus de 80 m de hauteur, espacées de seulement 200 m. A l’ère quaternaire, aux époques glaciaires Riss et Wurm (2 millions à 12 000 ans A.C.) le glacier du Queyras déverse sa moraine frontale par delà le verrou glaciaire de la Combe du Queyras. Ces périodes glaciaires alternent en fait périodes glaciaires et périodes plus chaudes où d’immenses fleuves remodèlent le paysage. Ceci explique la constitution particulière de la roche des plateaux de Guillestre et Mont Dauphin, conglomérat composé de galets, grès, cimentés par de l’argile et du calcaire, appelé poudingue. Les fleuves interglaciaires roulent de nombreux galets de diverses roches arrachées aux jeunes montagnes alpines, que plus tard le glacier compacte et cimente par son poids. (Pays guillestrin)
Un sentier longe ces falaises impressionnates et s'appelle "La Rue des Masques". L’itinéraire démarre sur la droite sur la route de la Longeagne. On peut se garrer sur le plateau de Simoust, en montant la rue du cinéma, après le Champ de Foire, dans la ville de Guillestre. Il traverse les lotissements de la Longeagne et de Serre Jouglard puis débouche sur un chemin rural au pied du Pain de Sucre.
Ce paysage étrange et sauvage est dû à la création d'une faille et à l'effondrement de la falaise. L'effondrement dût se produire au Moyen-Age, cela frappa l’imagination de la population. Pendant des siècles, les bergers racontèrent que des géants monstrueux et des nains turbulents faisaient des apparitions dans ces lieux. Dès lors, les voyageurs cessèrent de passer par ce chemin une fois la nuit tombée. Il est intéressant de préciser que le nom de rue des « Masques » vient du provençal « Masco » qui désigne précisément des sorciers qui jouent aux boules avec les rochers.
A la nuit de Noël, disait-on aux veillées, au premier coup de minuit, les roches s'ouvrent sur une grotte pleine de l'or fabriqué par les sorciers, qui se cachent et perdent leur pouvoir cette nuit-là. Alors chacun peut emporter sa charge d'or, mais gare ! Avant que le dernier coup ne sonne, il faut être sorti sous peine de rester prisonneir avec le trésor.
Marguerite Oliron, jeune veuve d'Eygliers, devait mendier pour nourrir son jeune enfant. Un jour, elle entendit parler des Masques et de leur trésor. Elle tenta sa chance, attendant sans rien dire la nuit de Noël, et prenant son enfant dans ses bras elle s’approcha ce soir de Noël de la rue des Masques : un bruit métallique sort de la roche, de l’église d’Eygliers parvient étouffé le 1er coup de minuit, la roche s’ouvre, le trésor est devant elle.
Elle dépose l’enfant sur un tas d’or, et pleure, vaincue par l’émotion . Mais d’un coup silence, le 12ème coup retentit, les parois se referment, Marguerite n’a pas le temps de réagir que déjà la grotte engloutit trésor et enfant. Elle a beau crier, supplier, pleurer, la pierre est immobile, elle est seule.
Le jour arrive, Marguerite reste toute la journée à attendre, et s’endort de fatigue. Quand elle s’éveille elle est dans sa chambre, un pain est posé sur sa table, elle le mange et retourne à la rue des Masques, le soir elle s’endort de nouveau et de nouveau s’éveille dans sa chambre le lendemain, avec un nouveau pain...
Toute l’année, ses jours se passent ainsi, elle ne pense qu’à son fils. Noël revient, Marguerite, bien éveillée attend devant le rocher...
Le son métallique, le 1er coup de minuit parvient étouffé, la roche s’écarte … L’enfant est là qui lui sourit et lui tend les bras ! Alors Marguerite prend son enfant et s’enfuit, sans penser à d’autre trésor que son enfant. Et on raconte que depuis ce jour là, Marguerite et son fils ne connurent plus jamais la misère… (Pays Guillestrin)
D'après une légende transmise par Abrard, dit "Joli Coeur", artisan guillestrin - "Guillestre, mon pays"
Général A. GUILLAUME - Société d'Etudes des Hautes-Alpes - 1978
Le long de la falaise, côté Guillestre, existe un chemin qui passe entre les rochers écroulés et érodés par le vent et l’eau, permettant de rejoindre le plateau du Simoust de Guillestre à la passerelle de Gaboyer près du hameau de St Guillaume d’Eygliers et au pied de Mont Dauphin. De ce chemin on profite de belles vues sur la place forte de Mont Dauphin, le torrent du Guil, la Main du Titan (immense cheminée de fée, résultat d’un conglomérat glaciaire et de l’érosion pluviale)
Sur le plateau de Simoust, la vue sur le village d'Eygliers, veillé par le massif des Ecrins, est une pure merveille...
Hautes-Alpes insolites revient en 2016 et vous souhaite de vous embrasser sous le gui, à Minuit !