Le moulin de Vallouise
Le moulin du Centre-Bourg de Vallouise
Dans la Vallouise en 1840, il y eut jusqu'à 18 moulins, 3 battoirs et 2 foulons. Mais le Gyr et la Gyronde sont des torrents capricieux (comme tous les torrents) et les crues de 1856 auront raison de la plupart des édifices, usines, forges, digues et forcément, moulins, qui seront emportés...
Le battoir et le foulon de Vallouise sont détruits, le moulin continue à moudre le blé jusqu'en 1914. Une nouvelle crue en juillet 1914, quelques jours avant la mobilisation, va tout ensabler : c'est la fin de notre moulin... En 1924, il reste un moulin à Vallouise et un autre à Pelvoux, village voisin.
La propriété des moulins se composait autrefois d'un bâtiment assez vaste où tournaient 3 moulins, d'une pierre à huile (de noix), son pressoir et son blettoir, un appartement de maçonnerie servant de dépôt et prenant son entrée dans le grand moulin. Au levant de ce corps de bâtiment, se trouvait un autre moulin, le moulin neuf, avec un moulin et un blettoir de tamier fin.
En 2012, Claude Altobelli décide, avec quelques passionnés d'histoire et de patrimoine, d'ouvrir la porte du moulin et entreprend d'évacuer le sable accumulé, de sortir les véhicules entreposés là : charrettes, luges et autres voitures hippomobiles. On met à jour les meules, deux arrivées d'eau, une voûte conduisant au canal et différents équipements permettant le tamisage de la farine, le broyage des noix, du chanvre et du grain.
Une luge
Une charrette
A une vingtaine de mètres du moulin, en remontant vers la source de la Béalière, les restes d'un autre petit bâtiment destiné à fouler le chanvre et l'avoine.
Une meule abandonnée alors qu'elle était encore en cours de taillage, tendrait à prouver que les meules étaient extraites d'une carrière voisine (Pelvoux) et taillées sur place.
Derrière ce battoir, se trouvait un établissement où on foulait le drap.
En delà et attigu à ce corps de bâtiment remontant toujours vers la source de la Béalière, se trouve un joli et vaste champ entouré d'arbres fruitiers, sorbiers, cerisiers, noyers et autre arbres, peupliers d'Italie, bouleaux. (Notaire Lagier Bertrand à Vallouise, estimation de 1857)
Le schéma réalisé par Claude Altobelli, pour expliquer le fonctionnement du moulin.
L'eau arrivait par le canal sous le moulin et faisait tourner jusqu'à 5 moulins entraînés par des roues horizontales à aubes. Celles de la photo sont exposées dans un jardin à Puy Saint Vincent.
Dans ce bâtiment du XVIIe siècle (au moins), on a retrouvé différents instruments, ici la meule mouvante. Par son orifice du dessus pénétrait le grain.
Elle était entraînée par le mécanisme du moulin et tournait sur une autre meule, la meule dormante.
La tonnelle, pour couvrir le tout.
Le grain descendait de l'étage supérieur du moulin, il était écrasé entre les deux meules, la farine obtenue était remontée dan le blutoir par une courroie munie de godets.
Dans le blutoir, où se faisait la séparation du son et de la farine. Le blutoir existe depuis le XVIe siècle, il est composé d'un cylindre horizontal légèrement incliné, constitué de lattes de bois parallèles, entourées d'un tamis de soie et tournant autour d'un axe. Il est actionné par une manivelle. Lorsqu'il fonctionne, on entend le clac-clac caractéristique des marteaux coulissants de buis ou de chêne. Ils empêchent la mouture de se coller sur la soie du tamis. On utilise des tamis à maille "serrée" ou "large" selon la finesse de la farine que l'on cherche à obtenir.
La pierre à piler, auge circulaire dans laquelle tournait une meule tronçonnique nommées pistoou dans l'embrunais et en Vallouise, servait à produire du gruau d'orge ou d'avoine, consommé dans la région en soupe et en bouillie. Elle avait d'autres utilisations, en fonction des ressources locales : écraser pommes et poires pour le cidre, cerneaux de noix pour l'huile, huile de lin, d'oeillette, de marmotte (extraite des amendons des prunes du briançonnais...)
L'énergie était produite par l'eau, on l'a vu, grâce à cinq arrivées d'eau du canal et une sortie vers le Gyr (photo).
L'église de Vallouise et la maison du meunier, encore habitée par deux de ses descendantes...
Merci à Claude Altobelli et tous les passionnés, pour leur travaux de recherche et de mise en valeur de ce bâtiment du XVIIe siècle, qui a comporté jusqu'à cinq moulins ; ils sont les passeurs de la mémoire de Vallouise, quand le village vibrait au son puissant des roues à aubes, des meules qui écrasaient, des roues des charrettes sur les sentiers, des torrents et des canaux, au travail des femmes et des hommes, sans cesse remis en cause par les caprices de la montagne...
Le moulin était ouvert pour une visite accompagnée par Claude Altobelli, les jeudis en juillet-août et pour les Journées du Patrimoine, dimanche 20 septembre.
Se renseigner à l'Office du Tourisme de Vallouise