Un atelier de cuisine médiévale à la fête de la Saint-Laurent - La Roche-de-Rame
Dominique Coll, ethnobotaniste (c'est du moins ce qu'on peut lire sur le site de France-Culture), est surtout passionnée par les plantes utilitaires, par le lien qui unit les plantes et les Hommes. Bien qu'elle réfute la qualification de botaniste, les plantes qui poussent partout dans les prés, les sous-bois, les prairies alpines n'ont plus de secrets pour elle. Ces plantes qui étaient des ressources précieuses pour les femmes et les hommes, quand on ne connaissait pas encore le pétrole, l'électricité. Celles qu'on utilisait pour l'alimentation, la confection et la teinture des vêtements, la fabrication des jouets, des mèches de bougies, qui remplaçaient le tabac, le café et le thé, avec lesquelles on se soignait enfin.
Dominique organise des sorties botaniques, des ateliers de transformation (cuisine, cosmétique...) au sein de son association les Coll Buissonnière. Elle vit dans les Hautes-Alpes et sa notoriété dépasse les limites du Pays des Ecrins.
Elle animait hier un atelier "Cuisine médiévale" pour la fête de la Saint-Laurent à La Roche-de-Rame, en lien avec les 800 ans de l'histoire des Vaudois (si on se situe au Concile de Latran en 1215, qui fit des Vaudois des hérétiques.)
Dominique Coll est allée cueillir les herbes dont elle avait besoin pour préparer avec une dizaine de personnes, des beignets de fleurs de carottes sauvages, des gressins au cumin sauvage et aromatiser des fromages de brebis de Freissinières avec des épices tirées de plantes de montagne. Le tout accompagné de sirop de génépi et de sureau...
Mais attention ! La nature fait parfois des cadeaux empoisonnés... Voici quelques plantes dont les baies toxiques ne doivent pas être manipulées et encore moins ingérées. Il est important, quand on cueille les plantes sauvages de ne pas les confondre avec d'autres... Voyez plutôt :
La belladone contient de l'atropine, provoque tachycardie et sécheresse de la bouche, entre autres ! On l'appelait autrefois, Belle Dame, Bouton-noir, Cerise du diable, Guigne de côte, Herbe empoisonnée, Morelle furieuse... Elle était considérée comme une plante magique associée à la magie noire.
Le chèvrefeuille, dont l'ingestion des baies peut aller jusqu'à donner, vomissements, diarrhées, sueurs, tachycardie, coma...
L'intoxication à la datura peut être mortelle, sinon donner de graves séquelles,
Le genévrier Sabine. Abortif puissant, il peut donner aussi hémorragies, paralysie, coma... Les baies ressemblent à celles du genévrier commun, mais les feuilles ne peuvent pas tromper...
Le nerprun est un violent purgatif.
Les baies du troène sont toxiques voire mortelles à très fortes doses.
Le cornouiller sanguin, dont Les fruits et les feuilles contiennent de l'aucubine et des tanins et qui, suite à leur ingestion en grande quantité, peuvent causer des gastro entérites. Une tarte aux baies de cornouiller sanguin qu'on aurait confondues avec des myrtilles, pourrait gâcher une soirée agréable entre amis ou un repas de famille...
Et les Vaudois dans tout ça ? Les vaudois du Moyen-Âge utilisaient beaucoup les plantes sauvages pour se nourrir, dont cette sorte de pois, appelé Lathyrus, qui, consommé en grande quantité donne une maladie : le Lathyrisme, intoxication neurologique qui peut aller jusqu'à la paralysie des membres inférieurs. Cette affection frappa les populations vaudoises des Hautes-Alpes au Moyen-Âge.
Mais rassurez-vous : tous les stagiaires de cet atelier de cuisine médiévale sont repartis en parfaite santé, après avoir appris que la saponaire officinale, jolie fleur rose, contient de la saponine, substance qui fait mousser l'eau et qui est un excellent détachant. La saponaire était utilisée autrefois comme savon...