Le bois dont on fait les fables, à Névache (Vallée de la Clarée)
Dans le village de Névache, un loup hurlait à la lune. Jour et nuit, il hurlait à la lune...
Seuls, le clocher de la chapelle et le lampadaire semblaient l'entendre et même on aurait dit, qu'ils l'écoutaient et qu'ils compatissaient.
Le sculpteur l'avait figé dans la matière de l'arbre, faisant de son hurlement terrifiant une posture de silence.
Non loin de là, un jeune et un vieux coq attendaient on ne sait quoi, écoutant à longueur de jour et de nuit, la chanson gaie de la fontaine,
Encore tout recouverts de l'écorce de l'arbre, comme de la coquille d'un oeuf d'où ils auraient éclos.
Ils arboraient fièrement leurs attributs de coqs de basse-cour, certains qu'ils étaient de leur noblesse,
Ils portaient une couronne rouge sur la tête et autour du cou, une cravate.
Soudain l'aigle royal surgit en planant au croisement de deux rues du village,
Il s'efforçait de garder fière allure sur son tronchet, en équilibre.
Heureusement l'aigle était loin des deux hiboux,
Ainsi l'oiseau royal au vol aussi lourd qu'un billot,
Ne put voir les oiseaux de Minerve, immobiles et hiératiques,
Statufiés dans le beau ciel de la vallée de la Clarée.
Jérémy Béné, le sculpteur névachais avait longtemps couru derrière l'écureuil qui grimpait sur l'arbre,
Sautait de branche en branche, filait dans la prairie comme s'il avait le diable à ses trousses,
Le défiait sans cesse.
Alors le jeune artiste l'immobilisa, le métamorphosa en la branche du haut de laquelle le petit animal roux le regardait,
Faisant de sa queue en panache, un éventail derrière lequel il se cachait et minaudait...
Voici comment, dans le beau village de Névache, au fond de la Vallée de la Clarée, on raconte une fable, avec des animaux... en voie d'apparition.