Une famille harle bièvre au plan d'eau d'Eygliers...
Ils sont nés mardi dernier. Ils ont pour nom : Mergus merganser. Les photos ont été prises jeudi matin. Ils ont pour habitude de percer la coquille couverte de duvet dans un de ces arbres, sur l'île ou sur les berges. Peu de temps après leur naissance, c'est le grand saut ! Ils se jettent de l'arbre pour rejoindre le plan d'eau.
Les rives du lac et l'île sont peuplées de vieux peupliers noirs
dont les nombreuses cavités accueillent les canes et leurs oeufs. Parfois des champignons.
C'est la deuxième année que 12 petits harles bièvre viennent au monde au plan d'eau d'Eygliers, du jamais vu dans toute la région PACA... Le renouvellement de cette reproduction cette année confirme que le lieu convient à l'espèce. C'est sur l'île, sous la cabane (1ère photo) que cette famille attendait l'heure du bain.
Quelques ornithologues suivent la famille de près. Merci à Steeve Peyron d'avoir publié un faire-part de naissance !
Cette année 3 femelles accompagnent le couple. Le mâle était absent ce matin-là.
Photo : Steeve Peyron
Le harle bièvre mâle, qu'on voit ici tenter d'expliquer à sa copine qu'il voudrait bien faire une petite sieste, possède une tête vert foncé avec un long bec rouge, mince et crochu. Le cou, la poitrine et les flancs sont blancs et contrastent avec le milieu du dos noir. Les ailes, en grande partie blanches à la base, sont noires aux extrémités. Le croupion est gris, ainsi que la queue dont le bout est plus foncé. La poitrine est teintée de rose au printemps.
Il est conseillé de cliquer sur les photos pour les agrandir.
La femelle possède une tête brune sur un corps gris. La transition s'effectue par un cou blanc.
Le harle tient son nom de son habitude à nager le corps submergé (Mergus, de mergere, submerger). C'est encore plus évident quand il porte ses petits sur son dos. Quand c'est trop lourd, la femelle se redresse sur l'eau et...
Tout le monde descend !
Sa réputation à manger grande quantité de poissons lui a valu le nom de bièvre (autrefois, on pensait que le bièvre ou castor mangeait du poisson.). (source : oiseaux.net)
Le harle est un grand plongeur, il reste jusqu'à 20 à 30 secondes sous l'eau. Il aime les fleuves, les rivières, les lacs et les étangs. En France, quelques harles bièvres nichent sur le lac Léman, le lac d'Annecy, le lac du Bouget et... le plan d'eau d'Eygliers, depuis l'année dernière !
Avant même que les petits (qui ne volent pas avant l'âge de 2 mois) soient devenus adultes, on les retrouve le long de la Durance. L'hiver, ils migrent vers des pays plus chauds que nos montagnes enneigées... Parfois sur les rives des fleuves du Nord de la France, mais on ne les trouve que dans l'hémisphère Nord. Cet oiseau est protégé au sein de la Directive-Oiseaux européenne. Il a été inscrit récemment dans le programme de suivi des oiseaux nicheurs rares et menacés en France, piloté par la LPO Nationale. Sa protection nécessite des zones de quiétude avec conservation de boisements d'arbres à cavité sur les rives des cours d'eau et des lacs.
Je décerne une Palme d'or à cette cane pour sa présence face à l'objectif, sa grâce, son aptitude à capter la lumière, son jeu tout en suggestion, sa façon d'occuper l'espace et de jouer avec les reflets du plan d'eau...
C'est un vrai bonheur de l'observer sans bruit... Une belle idée de balade dominicale ! (promener les chiens en laisse, et se tenir un peu loin des berges : c'est dans les eaux peu profondes, sur le bord, que les petits aiment à se restaurer...). Il est préférable d'aller les observer le matin tôt. L'après-midi, les pêcheurs, les canoés, le monde, les font se cacher dans les roseaux.
Un excellent document à consulter ici pour en savoir plus :
Aux dernières nouvelles, la famille a déjà quitté le lac. On peut les voir sur les berges de la Durance. Hélas, il ne reste que 4 petits. Le courant de la Durance est très fort ces derniers jours...