Embrun insolite : bas-reliefs et pierres sculptées de façades
La Cathédrale Notre-Dame du Réal d'Embrun fut érigée de 1175 à 1225 environ. Cette Cathédrale a une identité très particulière issue de la tradition lombarde et italienne du premier art roman. Son style a inspiré celui d’un grand nombre des églises romanes du Nord des Hautes-Alpes.Elle est classée monument historique. Nous la visiterons longuement prochainement.
Sous les toits du mur Nord et du chevet de la cathédrale, on trouve une double "bande lombarde", avec sous les arcatures, des culots ornés de têtes d'hommes et d'animaux.
Des masques humains avec barbes, moustache, chevaux longs ou pas...Nombreux sont les "masques" représentés dans l'architecture religieuse des Hautes-Alpes. Le visiteur se sent observé de toutes parts. Ces visages sont des miroirs de la condition précaire de l'homme, qui le mettent face à lui-même.
Ils alternent avec des têtes d'animaux : Boeuf, bélier, cochon, chat... On est tenté par notre besoin de comprendre, d'aller chercher dans la littérature, les symboliques et les significations de la représentation de ces animaux. De la Préhistoire à nos jours, du cheval des peintures rupestres à l'ours en peluche, du gibier à l'objet transitionnel, l'homme témoigne pour l'animal d’un instinct d’admiration, d’adoration, mais aussi de conquête. Dans l'iconographie religieuse romane et gothique, la place de l'animal s'inspire des Ancien et Nouveau Testament mais aussi des fables et fabliaux qui instruisent, moralisent, divertissent. Nous avons oublié les fondements des nombreux courants philosophiques et religieux du Moyen-Âge et ces animaux domestiques sont souvent l'illustration de l'importance de l'élevage et du pastoralisme.
Nous voici en présence de "la sirène" ou plutôt du "triton" bifide, qu'on peut voir au-dessus de la porte ouest de la cathédrale. Qu'elle soit de plumes ou d'écailles, la sirène (ou le triton) de par sa double nature mêle deux mondes : le connu et l'inconnu, le monde d'ici-bas, et le monde de l'au-delà. La sirène ou le triton représentent une idée particulièrement dangereuse de la luxure, transformant l'homme pécheur en animal.
Un des deux atlantes qui supportent les colonnettes du porche Nord. L'atlante, est une variante masculine de la cariatide. Agenouillé ou accroupi, il semble porter l'édifice sur ses épaules.
Les deux lions qui protent les colonnes du porche ouest, tiennent entre leurs pattes, pour l'un un enfant, pour l'autre un agneau. On trouve des lions stylophores à Briançon, Saint-Véran, Guillestre, Embrun... Le lion, qui est le roi des animaux, symbolise la puissance, et le Christ, s'il est "l'agneau qui enlève les péchés du monde" est aussi appelé le "lion de la tribu de Juda" (Apocalypse 5,5). Placés à l'entrée des églises, ils en gardent les portes contre les vices et les démons.
Les juridictions ecclésiastiques du Moyen-Âge siégeaient souvent au parvis des églises entre des lions de pierre encadrant le portail, et les jugements étaient rendus « inter leones et coram populo » (entre les lions et devant le peuple assemblé).
Ce lion qui tient une tête humaine dans sa gueule se trouve sur la frise lombarde avec les autres représentations d'animaux.
Sur certaines façades du centre ville, on découvre l'iconographie de la cathédrale, bande lombarde et têtes en bas-relief
le lion avec une tête dans sa gueule,
un homme à la barbe soignée...
Un bélier
un personnage qui se tient les genoux, un peu comme un atlante... ou une grossière sirène ?
un autre personnage encapuchonné, personnage moyen-âgeux ? Moine ?
un atlante. Ces pierres sculptées ont probablement été récupérées sur des édifices religieux détruits.
Sur la façade de la maison des Chanonges, édifice du XIIIème siècle classé Monument Historique, située face au porche de la Cathédrale. Sa belle façade romane est rythmée par une série de baies géminées et, dans la partie haute, une sculpture en haut relief représente un lion dévorant une chèvre.
A l'angle de deux rues, ce masque avec mitre, sans doute un évêque.
Avant d'être un livre d'images, l'imagier désigne un métier : celui qui réalise des images de tous ordres, aussi bien des peintures murales ou sur tous supports, vitraux, sculptures, ou « images » dans le sens moderne, c’est-à-dire des représentations de thèmes variés, reproduites par l’estampe puis par l’imprimerie, ce qui peut inclure les cartes à jouer, les images pieuses (portraits et vies de saints, prières, scènes profanes et d’actualité, etc.) Le souci pédagogique à destination des enfants apparaît lentement et ne devient systématique qu’avec l’essor des techniques d’impression, à partir du XIXe siècle. Le métier d’ymagier s’est perdu dans la spécialisation des différentes activités : peintre, verrier, sculpteur, graveur, etc.(Wikipedia)
La belle porte sculptée de la Maison du Gouverneur
avec un vestige de pierre sculptée, photographiée en 2012,
a retrouvé son lion de pierre rose qui tient une tête entre ses pattes.
Sous le porche de la cathédrale, cet insolite personnage sculpté dans la pierre rose, semble se cacher pour épier... La légende veut qu'il s'agisse là du prévôt du chapitre qui, refusant de payer les ouvriers de la Cathédrale, fut représenté en représailles par ces derniers.
Bibliographie
Dans les silences de Saint-Apollinaire - Nathalie Pogneaux - Cahiers du château Saint-Jean N°6 - L'Argentière-La Bessée - 2008
Le bestiaire de la sculpture romane - Thèse pour le Doctorat Vétérinaire - Juliette Guigon - 2004
Bestiaire dans l'art médiéval en Provence - Rémy Cordonnier - Conseil Génaral des Alpes de Haute-Provence - 2011
A voir aussi :
Un récital d'orgue du XVIIIe dans la cathédrale
Le prévôt du chapitre de la cathédrale