Insolites journées du Patrimoine : L'église des Cordeliers de Briançon en cours de restauration...
Voici le "trésor" de Briançon : l’église des cordeliers. "Cette église, discrètement blottie contre l’actuelle Mairie, est un des rares témoins de l’histoire médiévale de Briançon et renferme, loin des regards, un prestigieux décor de peintures murales. L’édifice faisait à l’origine partie d’un important couvent de frères franciscains, appelés aussi cordeliers, qui fut fondé en 1388 avec le soutien financier de Jacques de Montmaur, gouverneur du Dauphiné, et d’Antoine Tholosan, jurisconsulte à Briançon. Commandité pour lutter contre la montée en puissance du valdéisme dans le Briançonnais et favoriser l'évangélisation de la population, il vit son achèvement en 1391. Les papes, installés à Avignon, ne pouvaient tolérer une présence hérétique sur la route de la Durance. Les commanditaires n'hésitèrent pas à faire abattre trente-cinq maisons pour libérer l'emprise nécessaire à cette construction. Outre l’église, l’ensemble comportait de vastes bâtiments conventuels, une grange, des jardins et un cimetière, placé devant le portail principal" (Site officiel de l'Office de tourisme et du climatisme de Briançon)
Cette église ouvre ses portes essentiellement pour des concerts et des visites du Patrimoine, ici sur deux photos d'internet.
L'église est fermée depuis plusieurs mois. Les Compagnons de Castellane, entreprise de restauration du patrimoine architectural, a installé ses échafaudages, et ouvert un chantier d'importance en fin d'année 2013, spécialement pour ce "corpus" des peintures murales du département, celui de l'église des Cordeliers de Briançon.
Pour les journées du Patrimoine 2014, les Compagnons de Castellane ont ouvert le chantier au public,
offrant une visite pour le moins insolite de cette église...
Voici quelques-unes des peintures murales qui constituent le "trésor" de Briançon. Adam et Eve et les Evangelistes sont à admirer sur les murs et le plafond d'une chapelle latérale. Elles ont été dégagées d'une couche de peinture bleue, à la fin des années 1980. Elles sont aujourd'hui cachées par un échafaudage...
Quelques photos, prises entre les barres d'échafaudages, laissent apparaître des détails de la restauration en cours, ici une issue donnant sur la rue qui longe l'église montre un décor peint.
Un autre décor sur une autre porte.
La restauration met en valeur la belle pierre du plafond, avec des médaillons à motifs dans les croisées d'ogives.
La voûte du choeur avait fait l'objet d'une première restauration en 1989-90, sous la conduite d'Alain Tillier ACMH.
A cette époque, les restaurateurs s'étaient heurtés au problème de la dureté de la couche de badigeon gris, souvent calcitée, recouvrant la totalité de la voûte.
L'étude des décors avait identifié des traces, sinopies tracées à l'ocre rouge, d'un décor primitif. Dans le cadre du chantier, une mise à jour de ces sinopies, de la frise les encadrant et des vestiges de couches picturales présents sur les nervures de la voûte ainsi que leur restauration ont pu être effectués.
Quelques détails de fresque...
Tout récemment, un dessin réalisé par des militaires a été découvert sur le mur est. Des investigations complémentaires sont en cours. En effet, après la démolition du couvent, l'église est choisie pour abriter un hôpital militaire (1828-1831). Dans la nef, la restauration des scènes de la vie de Saint Antoine, est encore en cours, intervention rendue délicate par des efflorescences salines et les dégats qu'elles ont occasionnés.
Une visite insolite, qui met si bien en valeur le travail fabuleux de précision, de savoir-faire ancestral, et qui sait si bien se faire oublier quand les échafaudages sont retirés et que l'Histoire et l'art sont à nouveau offerts au visiteurs, parfois distraits...
Les Compagnons de Castellane ont également réalisé la restauration de la Porte de Pignerolles, ici avant sa restauration, avec un régiment de Saint Cyr (photo : Yves Cointe) et après, photo prise aux journées du Patrimoine 2014.