Le jardin de l'Archevéché - Embrun
Dominant la Durance et juché sur son roc, le jardin de l'Archevéché d'Embrun est devenu un jardin public et offre une vue grandiose sur la plaine de la Durance et sur les cimes des montagnes de l'Embrunais. L'archevéché était une petite cité épiscopale à l'intérieur de la ville; elle se composait outre du palais et de son donjon, de jardins d'agrément et potagers au bord du roc, de la Cathédrale, de l'hôpital et de l'ancien couvent des Capucins (caserne Delaroche).
L'automne était déjà bien là. La lumière horizontale rebondissait des versants émeraude au gazon, de l'ombre bleue aux feuillages de miel...
Et l'été au jardin...
Un monument commémoratif, fut érigé en 1909 en l'honneur de Clovis Hugues (1851-1907), homme politique, écrivain, poète et félibre. Elu en 1881 premier député socialiste des Bouches-du-Rhône, il rejoint le mouvement boulangiste dans les années 1885. Député de Paris de 1893 à 1906, il est impliqué dans la vie politique, culturelle et artistique de la capitale. Journaliste à ses débuts, il publie des romans, des pièces de théâtre et des recueils de poèmes dans la langue de Mistral. Il est élu majoral du Félibrige en 1898. Selon sa volonté, il est enterré à Embrun.
Ce monument met au second plan l'homme politique. Il est dédié "au poète Clovis Hugues, félibre majoral".
Le Félibrige, aujourd'hui association Loi 1901, a été fondée le 21 mai 1854, par sept jeunes poètes provençaux : Frédéric Mistral, Joseph Roumanille, Théodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Giéra, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan. Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provençale et en codifier l'orthographe. Les félibres majoraux (felibre majourau) sont élus à vie par cooptation et détenteurs d'une cigale d'or, qui se transmet à leur mort comme un fauteuil d'académie. (source Wikipedia)
La présence des enfants sur un banc sculpté dans la pierre constitue une mise en scène originale qui invitait le spectateur à s'asseoir en leur compagnie, et à partager un moment de contemplation du paysage, aujourd'hui rendue interdite par la mise en place d'une grille autour du monument.
Le buste et le groupe des enfants sont l'oeuvre de Jeanne Royannez-Hugues, sculpteur et veuve du poète. Elle sculpta cinq bustes de son mari.
Les petits-enfants du couple Hugues furent les modèles du groupe sculpté.
A la ville d'Embrun
..."Je ne puis ni pleurer doucement ni sourire
Que devant les sommets envolés dans l'azur ;
Je vois s'épanouir loin des vents en délire,
La bonté dans tes coeurs et les fleurs dans tes murs"...
Ce jardin au charme apaisant, sous l'ombre fraîche des grands arbres
est encadré par de belles maisons aux balcons de ferronnerie,
Il est planté de quelques discrets massifs et de jardins d'écoliers,
Un accent de poésie, une parenthèse dans l'Histoire, voilà ce qu'on peut y trouver, avec le silence et le chant des oiseaux, dans cette ville aux portes de la Provence.
Ce jour-là le ciel était celui d'un peintre, rendant plus enchanteur encore ce jardin, avec une lumière et une profondeur exceptionnelles.
Deux enfants penchés sur un livre, révèlent la grâce du mouvement, le charme désuet de ce jardin, suspendu à son roc, comme un refuge aux lignes simples et planes, où le regard peut se perdre au loin, entre ciel et versants, ombre et lumière, avec la légèreté de l'air.