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3 août 2014

Dormillouse, le hameau des "Bécarus" (Freissinières) - Pays des Ecrins : Le village

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Situé au fond de la vallée de Freissinières, le hameau de Dormillouse fut longtemps habité de façon permanente. On n'y accède qu'à pied par plusieurs sentiers, dont celui qui monte après le parking du terminus de la route, sur la rive gauche du torrent de la Byaisse, né du mélange des eaux des torrents des Oules et de Chichin.. Les anciens choisirent cet emplacement pour construire un village, car il était à l'abri des avalanches. Plusieurs hypothèses sont avancées pour le nom Dormillouse, mais pour certains il viendrait de Dormilhosa, qui veut dire marmotte en provençal...

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Plusieurs quartiers constituent le hameau : Les Enflous, Romans, la Michelane, Pra Barnéou et les Cleyers. Seuls les Enflous, en bas, et surtout Romans, en haut, ont quelque importance. Entre les deux, les autres hameaux sont à peine marqués : la Michelane, Pra Barnéou et les Cleyers, ne comportent plus qu'une ou deux maisons, voire seulement des ruines.

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Ce sont d'impétueuses cascades qui accompagnent le randonneur sur le sentier qui monte au village, 

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Mais aussi des fleurs et des champignons en cette saison d'été... Plus de 30 espèces de champignons se nichent aux abords du sentier.

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L'histoire de Dormillouse, comme celle de Freissinières, est essentiellement liée à celle des Vaudois et des protestants. Le village qui comptait 300 habitants au milieu du XIXe siècle, 62 en 1901, et 35 en 1935, n'abrite plus que 2 à 3 permanents aujourd'hui. Il faut la journée complète pour faire les courses à Briançon et l'hélicoptère dépose 2 livraisons par an. La construction d'une route carrossable a été envisagée, mais l'idée fut abandonnée, devant la difficulté et l'abandon progressif du village par ses habitants.

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 En raison de sa situation isolée, Dormillouse a, de tous temps, servi de refuge aux persécutés et autres « hérétiques ». Ce sont les disciples de Pierre Valdo qui ont laissé les premières traces d’une présence certaine à Dormillouse. Ils y ont subi une répression quasi constante marquée par des périodes de calme et de violence extrême. Ce fut notamment le cas en 1365, 1393 et en 1488. (Wikipedia); Au XVIe siècle, Dormillouse fut marqué par les différentes guerres de religion, que ce soit le passage des capitaines ligueurs provençaux ou celui de Lesdiguières, militaire né à Saint-Bonnet, Champsaur, et devenu chef des protestants.

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Vers 1660, un habitant de Dormillouse, Claude Baridon, dit Bécaru, tua un des seigneurs de Freissinières, Monsieur de Saint-Disdier, qui voulait s'emparer des terres des habitants de Freissinières. Postés sur le chemin de Val-Haute, ils attendirent de voir arriver la bande du seigneur pour lui tirer dessus.  Les agresseurs se précipitèrent sur le seigneur, lui remplirent la bouche de terre en la tassant avec le canon de leur fusil et lui dirent : « Tu en veux de la terre, en voilà ! ». Bécaru  fut arrêté par la maréchaussée et, alors qu’ils le descendaient dans la vallée, il se précipita dans les rochers au niveau de la cascade. Repris, il fut  jugé et condamné à mort. Bécaru signifie en occitan : qui se "rebèque", qui a la réplique facile.

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Voici une légende qu'on raconte à Freissinières : Sept dragons qui montaient un soir dans l’obscurité à Dormillouse entendirent une voix prononcer à plusieurs reprises en patois « Li soun sept ! » (Ils sont sept). Se croyant découverts, ils rebroussèrent rapidement chemin et regagnèrent la vallée. Or, comme ce soir là il n’y avait personne sur le chemin ou pour surveiller l'approche du village, les habitants pensèrent que les dragons avaient tout simplement entendu une brebis enrhumée qui éternuait. ( Benjamin Valloton, Félix Neff porteur de feu, Labor et Fides, Genève, 1950).

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Mais l'évènement le plus marquant du début du XIXesiècle est l’arrivée en 1823 du pasteur genevois Félix Neff qui allait transformer profondément toute la vallée et Dormillouse tout particulièrement. Il trouva les habitants dans le dénuement le plus total, sur le plan spirituel, moral et économique. Il employa alors toutes ses forces au redressement de la situation dans tous les domaines. Il créa de toutes pièces une école puis une école normale dans sa maison, située à l’ouest du quartier de Romans, faisant appel à des instituteurs du Queyras. 

 

 

 

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En 1756,  l’archevêque d’Embrun, Mgr Bernardin Fouquet, fit édifier une chapelle et un presbytère à Dormillouse. Inaugurée le 5 août 1758 et dédiée à Notre-Dame-des-Neiges, la chapelle utilisait la cloche de l’ancien temple protestant qui fut alors baptisée Sainte-Marie.  Le chapitre d'Embrun y a entretenu un prêtre pendant une vingtaine d'années mais il fut obligé d'avoir un domestique pour servir la messe puisque personne ne voulait se faire catholique. Après la Révolution, la chapelle fut attribuée au culte protestant en 1808, en application du décret du 24 pluviôse an XIII (13 février 1805) qui autorisait le préfet à attribuer aux protestants des chapelles dites du second rang. Les habitants de Dormillouse s'en emparèrent et l'utilisèrent alors comme temple, après avoir enlevé les statues et le maître-autel et lavé la chaire de ses peintures.

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Le presbytère servit de salle d'école et de réunion du soir ; on utilisait d'ailleurs les chandeliers de l'autel pour s'éclairer. (Wikipedia). Aujourd'hui le presbytère qui fut transformé en école normale par Félix Neff, abrite un gîte, le gîte de l'école. 

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Le manque de ressources pour nourrir tout le monde et la grand guerre qui fit dix victimes,  vont peu à peu vider le village.

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Pendant la seconde guerre mondiale des réfractaires au STO trouvèrent refuge à Dormillouse,

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Et dans les années 60, une communauté de jeunes protestants loua des terres et tenta des cultures selon une interprétation de la parabole du jeune homme riche, mais sans habitude de la vie en montagne, ils vont échouer et c'est une communauté de hippies qui les remplacera jusque dans les années 80.

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Le frêne qui a donné son nom à Freissinières est partout présent ici malgré les 1700 M d'altitude et offre son ombrage et ses richesses : un bois dur pour fabriquer des planchers solides, flexible, pour la fabrication des manches de pelles, de pioches et de cercles à fromage, avec les feuilles on fabrique la "tisane du centenaire" et la freinette, boisson fermentée. Les enfants utilisent les jeunes branches pour en faire des sifflets...

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Pour l'insolite, voici  une barrière construite avec deux poteaux téléphoniques à isolateurs en porcelaine...

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Parfois, au bord du torrent, on trouve d'insolites et éphémères sculptures...

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Et avant de quitter Dormillouse, arrêtons-nous devant ce cadran solaire de 1992, fabriqué par le cadranier Joseph Auvray de l'atelier Acacia à Mont-Dauphin, qui résume dans sa devise, l'esprit de Dormillouse et de ses "bécarus"...

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***

Lire aussi :

"Un jardin extraordinaire"

L'histoire du village

Le moulin de Dormillouse

Le cimetière de Dormillouse

 


 

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Commentaires
R
tes images sont de plus en plus belles, je vais revenir encore une fois pour regarder encore ton joli billet.<br /> <br /> bon dimanche<br /> <br /> bisous<br /> <br /> rosa
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