Plaques de cocher insolites dans les Hautes-Alpes
Les plaques de cocher sont des plaques directionnelles en fonte, installées sur les murs des maisons ou sur des poteaux, aux entrées des communes. Elles mentionnent le département, la commune, le type de voie : Route Nationale, GC pour chemin de grande communication, VO pour chemin vicinal ordinaire, ainsi que les directions et les distances. Elles seront installées à partir de 1835 et jusqu'à la première guerre mondiale, à environ 3 mètres de hauteur pour être visibles des cochers. Une circulaire du 15 avril 1835 préconise que les lettres soient « écrites en blanc, sur un fond bleu de ciel foncé ».
En janvier 1890, sur la demande du Conseil Municipal du village, approuvée par le conseil Général, le décret suivant est promulgué :" La commune de la Roche appelée "La Roche sous Briançon" pour la distinguer de la Roche de Gap (la Roche des Arnaud), est autorisée à prendre à l'avenir le nom de Roche-de-Rame. Ceci afin d'éviter les erreurs involontaires ou administratives des Postes et des Chemins de fer." (Association Patrimoine Roche-de-Rame)
Cette plaque aux lettres de rouille sur fond bleu de ciel clair, affiche encore l'ancien nom du village. Elle date donc d'avant 1890.
Sur le mur de la chapelle Sainte Barbe des Claux, hameau de Pelvoux, cette plaque en fonte a été créée par le C-A-F : Club Alpin Français. Elle indique le hameau d'Ailefroide, situé sous le Pré de Madame Carle, départ de toutes les courses vers les grands sommets du Massif des Ecrins. Elle indique également trois refuges : Lemercier, Cezanne et Tucket, mais sans notion de distance ou de temps.
Le refuge Lemercier est resté juste à côté du nouveau refuge du Pelvoux. Restauré en 1997, sous la houlette de Louis Chiorino et d'une équipe de compagnon du devoir de L'Argentière-La Bessée, il est aujourd'hui transformé en musée de l'alpinisme.
Le refuge Cezanne, au Pré de Madame Carle, accessible en voiture, accueille encore randonneurs et alpinistes.
En 1862, le Britannique Francis Fox Tucket tente l'ascension de la Barre des Ecrins accompagné par les guides Michel Croz et Peter Perren. Ils font un arrêt sous un bloc de roche dans les séracs du glacier Blanc. Les alpinistes qui feront cette escalade par la suite appelleront cet abri de fortune hôtel Tucket. C'est en 1886 qu'un refuge est construit près de cet abri. Il est aujourd'hui transformé en écomusée. La construction d'un nouveau refuge du glacier Blanc est entreprise un peu plus haut, en mai 1942. Les matériaux sont amenés à dos d'homme depuis le refuge Cézanne. La guerre ralentit la construction. Le nouveau refuge est inauguré le 29 août 1948. Il est accessible après 2 heures et demi de marche, au départ du Pré de Madame Carle.
Le Villard Latté, hameau de Saint-Chaffrey, se trouve sur la route du col du Granon, au sommet duquel on trouve des bâtiments du 7e Régiment de Chasseurs Alpins et où se termine la route goudronnée. Ici, on s'aguerrissait à la montagne jusqu'à ce que le CNAM quitte Briançon en 2009. Cette plaque a été installée par l'armée. Elle indique la direction de Briançon et celle du Fort de l'Olive, poste avancé qui assurait la surveillance du col de l'Echelle, du col des Acles et du col des Thures, des éventuelles offensives italiennes.
Être stationné au Fort de l'Olive n'avait rien d'une partie de plaisir pour les militaires qui y étaient cantonnés. Le 10 août 1887, le lieutenant François-Eugène Meyer, qui commandait le détachement du 22e régiment d'infanterie chargé d'occuper le Fort de l'Olive, disparaît subitement. Le Conseil de guerre de Grenoble le condamne à six mois de prison et à la destitution pour une absence supérieure à trois mois. Le 26 août 1888, le 30e bataillon de chasseurs à pied passe par le fort de l'Olive pour aller se cantonner à Plampinet. Là un mulet se précipite dans un ravin. Les soldats en allant chercher le cadavre du mulet et sa charge, découvrent celui du lieutenant Meyer. Sa condamnation fut annulée à la demande du ministre de la Justice Dessaigne par la Cour de Cassation le 8 mai 1892.
A l'Argentière-La Bessée, sur le mur d'une maison, cette plaque en tôle peinte indique la direction de Vallouise et les Claux en kilomètres, celle d'Ailefroide, où on n'allait qu'à pied où à dos de mulet, en heures ! Il s'agit là d'un chemin de grande circulation, sur le réseau des routes départementales. On a encore l'habitude de parler des distances en heures plutôt qu'en kilomètres dans les Hautes-Alpes, même si elles se font en voiture, routes de montagne oblige...