Le hameau des Hières (La Grave) : L'horloge de l'église - Briançonnais -
Lorsqu'on monte dans la tribune de l'église St-Pierre et St-Paul du hameau des Hières, on a le bonheur de découvrir cette petite horloge de type cage, déposée là depuis qu'elle a cessé son activité de "conteuse du Temps", remplacée vers 1955 par une arrière-petite-fille moderne et électrique ! Une autre fée, qui rythme la vie des villageois.
D’après Michel Juge, hiérois passionné par l'histoire de son hameau, cette horloge a bien fonctionné jusqu’aux années 50. On sait qu'elle fonctionnait pendant la guerre et elle serait tombée en panne en 1946 ou 1947 du fait de son usure assez prononcée. C’est Laurent Sionnet (père), agriculteur et maréchal-ferrant à Ventelon qui l’entretenait. Il était payé pour remonter les poids jusqu’en 1955 environ, ce qui est surprenant, d'après son état constaté, commente Daniel Fonlupt, notre consultant en horlogerie d'édifice. Cette horloge semble dater de la fin du XVIIe siècle, ajoute-t-il. La sonnerie est à répétition à crémaillère. Elle possède 4 mobiles tournants (remontage hebdomadaire). Le cadran avait 2 aiguilles.
Il n’y a pas eu d’autres horloges, hormis celle-ci.
Fin XVIIe ? C'est bien ça, autour des années 1700, vous avez bien lu...
Cette horloge a subi de nombreuses transformations au fil du temps. A l'origine, c'était une horloge « 30 heures », c'est-à-dire que son autonomie de marche entre deux remontages des poids était de 30 heures, soit un remontage par jour. On remarque une transformation de l'échappement début XIXe. Le balancier oscillant perpendiculairement à l'horloge, une fioriture en face de la fleur de lys a été limée de façon à faire passer le nouvel entraînement du balancier. Dans l'ensemble, on note pas mal d'ajouts et de bricolages.
Le limaçon semble indiquer la date de 1821. Un limaçon est, en horlogerie, une came de forme spiralée réglant le nombre de coups que doit sonner une horloge. 1821, c'est la date d'une des transformations de l'horloge, date à laquelle on passe sans doute de la roue de compte à la crémaillère (la roue de compte est la roue qui détermine le nombre de sonneries). Les horloges comme celle-ci de la fin du XVIIe début XVIIIe étaient toutes à roue de compte. On pense qu'elle activait à l'origine, un cadran à aiguille unique.
"La roue d'échappement en laiton semble inadaptée pour cette horloge (peut être du réemploi). Aucune ancre d'échappement n'y a été placée (aucun trou de palier d'axe d'ancre, ils tomberaient dans les ferrures du châssis), de ce fait des "rallonges" on été rajoutées sur chaque dent et une ancre très "amateur" y a été adaptée. J'ai des doutes qu'un tel système ait pu fonctionner", c'est du moins ce que pense Daniel Fonlupt.
Il n'est pas rare de trouver de nombreuses transformations sur des horloges anciennes, souvent réalisées par le forgeron du coin (bon forgeron mais mauvais horloger).
La manivelle, pour laquelle le concepteur s'est trompé et a du tordre la tige en la forgeant pour qu'elle soit opérationnelle, est posée près de l'horloge et de beaux poids en pierre sont visibles dans le clocher.
Le balancier, lui aussi déposé a une tige beaucoup trop fine.
Denis Vialette, coordinateur du projet "Horloges d'Altitude" du Lycée de Briançon, pense que sa place sur la tribune est très satisfaisante. Dans l’idéal, il faudrait la nettoyer, bien présenter ses accessoires (pendule, manivelle, poids, poulies) et faire un panneau explicatif. Elle aurait un grand intérêt si elle était restée dans son état originel, les nombreuses transformations du XVIIIe au début du XIXe lui enlèvent de la valeur, elle reste malgré tout une très belle pièce.
Nous étions partis pour voir la cloche Vallier la plus ancienne, mais c'est l’horloge la plus vieille (1700) de notre projet, que nous avons découverte.
Merci à Michel Juge qui fut un guide disponible et passionnant ce jour-là dans l'église, dans le clocher et au chevet de l'horloge, et merci à Daniel Fonlupt, l'homme qui lit dans les horloges...
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