Il était une fois, un mur - Briançon
Hier (il n'est jamais trop tard pour se faire plaisir), j'ai vu pour la première fois le très beau film d'Agnès Varda et JR "Visages, villages" dans le cadre du festival Télérama au cinéma Eden Studio de Briançon.
Où il est question de sillonner des villages de France, de rencontrer des gens, de les photographier et de coller les photos de JR en très grand... sur les murs des maisons d'un coron bientôt détruit, dans les rues d'un village de Provence, sur un blockhaus au tombé d'une falaise, des containers du port du Havre...
Alors je me suis souvenue avec émotion de ce mur de Briançon qui enlaçait joliment, avec ses peintures, le vieux bâtiment des services de l'Equipement. Tout a été détruit pour construire un supermarché et des logements...
En 2013, avant la chute du mur, j'avais photographié toutes ses peintures qui racontaient l'histoire du Briançonnais et d'ailleurs, de ses habitants et de ses amis, afin qu'elles ne disparaissent pas tout à fait...
Aujourd'hui, après avoir été cueillie par "Villages, visages", j'ai eu envie de remettre en avant ces peintures murales.
(cliquez sur les photos pour les agrandir...)
Il était une fois, un mur...
Pas le mur de Berlin, non. Mais un mur qui courait sur au moins 100m de longueur, devant un très grand bâtiment dans lequel on trouvait... Non, pas l'atelier des Beaux-Arts, mais des locaux administratifs, la DDE, par exemple...
Ce mur était très joli, avec ses peintures, comme celle-ci qui représentait la Porte de Pignerol et la Collégiale, dans la Cité Vauban...
On pouvait y voir un aigle et une femme qui faisait jaillir une source de ses mains,
c'était la source de la Durance...
On y lisait de jolies phrases, la courbe que l'oiseau va suivre s'il s'envole, et bien-sûr qu'il s'envolait, l'oiseau...
Il y avait des rochers, des crêtes et des vallées profondes,
Adam et Eve dans leur paradis, avec le serpent, la pomme et l'amour, au temps où tout n'était qu'émotion et plaisir...
il y avait de drôles de pommes vertes dans des cases rouges,
un peu de délire aussi, avec de belles couleurs,
ça parlait de vacances, de paix, de Sonia,
de poésie et de liberté, ainsi soit-il...
On pouvait partir dans l'ouest américain, où les cow-boy galopaient dans la neige,
ou sur la banquise avec les ours,
il suffisait de prendre le train...
Des écureuils...
agaçaient les éléphants, (parce qu'il y avait aussi des éléphants)
on allait au cirque avec les clowns...
et tout le monde applaudissait les chevaux,
et puis on rêvait,
On rêvait de toutes les couleurs,
On entendait partout : "créer c'est résister"
et ça aussi...
C'était il y a très longtemps, quand il y avait la mer à Briançon... Il y a vraiment très longtemps !
Et puis un jour, des gens très importants décidèrent qu'il fallait tout casser : le grand bâtiment qui ne servait plus à rien et le joli petit mur qui racontait un peu l'histoire des enfants, des citoyens et des artistes... Il fallait faire de la place pour un grand supermarché et des logements sociaux...
Alors ce mur n'existe plus... Ne le cherchez pas...
Et moi je vous l'offre, pour qu'on ne l'oublie pas...