Les noms des rues
Les noms des rues peuvent être des noms de personnes célèbres ou pas (écrivains, musiciens), de personnages "importants" (général, président, docteur), des noms de saints, de pays, de région ou de ville, d'un lieu ou d'un bâtiment public (pont, mairie, hôpital, école, église, fontaine, cimetière), de métiers, de fleurs, d'oiseaux, d'événements historiques. Ils peuvent être poétiques, abstraits ou curieux...
Ils tracent le plan mais aussi l'histoire d'une ville, d'un village.
La vie des gens...
En voici quelques-uns rares ou insolites... qui toujours racontent une histoire.
Embrun
Voici la rue Casse Cou, à Embrun, la bien-nommée, surtout en hiver !
Gap
Cette rue de Gap conserve le souvenir du grenier qui y était installé. L'Evèque de la cité avait été obligé de le créer en 1773, à cause de l'augmentation considérable du prix du blé. Ainsi il venait en aide aux pauvres qui ne pouvaient plus s'en procurer. Confisqué en 1790 par la commune, il contenait en 1793 une réserve de 73 charges et 3 émines de blé. Il fonctionna encore par intermittence, de 1800 à 1809 et de 1818 à 1845, date où il fut définitivement fermé.(source : Jean-Pierre Reybaud)
On voit ici que les noms de rue en patois se superposent aux noms en français sans toujours avoir la même signification. Même si ici il y a un lien évident. Rastèu veut dire rateau...
La plaque de rue en fonte du XIXème siècle a été préservée quand on a restauré la façade.
Guillestre
C'est en 2000 qu'à l'initiative du Docteur Pierre Chouvet le conseil municipal décide de baptiser les axes guillestrins. Avant ? Il n'y avait pas de noms de rues ! On n'en avait pas besoin ! Le facteur connaissait tout le monde...
Quant aux numéros sur les portes, ils sont apparus en 2007...
Comme à Embrun, cette rue était autrefois en terre, ce qui rendait sa descente périlleuse, surtout avec la neige et la glace. On l'a depuis sécurisée avec une rampe et des pierres roses de Guillestre, beaucoup moins glissantes. Mais ici, on ne se casse pas la même partie du corps qu'à Embrun...
Joli Coeur est le nom de compagnonnage d'un enfant du pays, poète qui écrivait en patois.
Rares sont les noms de rues qui célèbrent des femmes... Vous pouvez chercher chez vous, vous n'en trouverez pas beaucoup. Voisines, la place et la rue des Dames, ne font absolument pas référence à un quartier où les filles de joie se seraient promenées : il s'agit de la place et de la rue qu'empruntaient les guillestrines pour aller travailler dans le premier hôpital de la commune, aujourd'hui disparu. Il parait qu'elles passaient toutes là...
(source : Dauphiné Libéré 08/08/2011)
C'est bien le nom de la rue, ou du "bord", tellement poétique, où se trouve la Porte du saint Esprit, et où le pont du Saint-Esprit enjambe le Rif Bel...
Des plaques de rues qui sont des oeuvres d'art
A l'Argentière-La-Bessée, la rue des Vaudois rappelle l'histoire de ces religieux dissidents qui suivirent la doctrine de Valdès dès 1172. Ils furent nombreux dans le Pays des Ecrins et persécutés au XVIe siècle. Un artiste a réalisé ces deux plaques, peintes sur du bois.
Aux Vigneaux, près du gîte du Montbrison cette plaque en ardoise
accompagne une peinture murale signée Masson Sam
Névache
- La rue de Là-bas devant, s'il vous plait ?
- C'est... Par là, à travers !
Vallouise (Le Grand Parcher)
Le nom de cette place du hameau du Grand Parcher à Vallouise surprend car il ne veut strictement dire. Et pourtant...
Paul Billon-Grand explique @vallou05
La « Place du Pied de la Poix » se situe au pied de la « Montée du Grand Parcher ». Tout s'éclaire avec ce positionnement. La perte de connaissance du langage local a conduit à utiliser le terme français de « montée » au lieu du terme occitan correspondant de « poua ». Pire, celui-ci devenu incompris est tombé dans l’attraction d’un terme phonétiquement proche « poix » et c’est ainsi que le « Pied de la Poua » est devenu le « Pied de la Poix ». Ce terme de « poua » pour « montée » s’est par contre maintenu à Champcella, Freissinières et l’Argentière, pour ne citer que ces trois communes.
Le phénomène est courant en toponymie : lorsque les anciens noms ne sont plus compris par les habitants, on les remplace par des noms encore compris à sonorité proche. Gageons que « poix » ne le sera peut-être plus très longtemps, et la place pourrait alors être renommée la « Place du Petit Pois » !
L’occitan « poua » pour montée correspond au francoprovençal « poya » qui signifie également « montée » et qui désigne aussi plus spécifiquement la « montée aux alpages » en zone arpitane, joliment représentée en Suisse sur des œuvres appelées des « poyas ».