La Chapelle des Pétètes- Bénévent-et-Charbillac (Champsaur)
Il était une fois un maçon-tailleur de pierres, qui vivait dans le hameau d'Aoubera (en français on dit L'Aubérie, mais les deux mots signifient : le tremble, arbre qui peuple les forêts des environs).
Ce maçon-tailleur de pierres s'appelait Jacques Pascal, et vivait au XVIIIème siècle. Vers 1740.
Un soir d'été, alors qu'il rentrait du travail, il croisa sur le chemin de l'alpage, un troupeau de quelques chèvres et quelques brebis, dans la poussière et la lumière de fin d'après-midi, le bêlement des brebis et le chevrotement des chèvres. Il se poussa contre le talus pour les laisser passer, quand dans un rayon du couchant, lui apparut, qui poussait le troupeau avec son bâton, la jolie bergère, qu'on appelait Marie au village d'Aoubera.
A partir de ce jour, l'image de cette bergère ne le quitta plus. Il n'en dormait plus, n'en mangeait plus. Marie, c'est évident, ne l 'avait pas vu, car les branches des cynhorodons et de l'épine-vinette le dissimulaient complètement...
Ne sachant que faire pour attirer le regard de la belle, il entreprit de sculpter des pierres qui traînaient dans sa grange, attendant là qu'il en fît quelque chose...Il voulait retrouver les traits fins de Marie, son doux sourire, et les fixer dans la pierre....pour toujours...
Ces figures de pierre, il les nomma ses « pétètes », ce qui veut dire « poupée » en patois. Et puis de pétète en pétète, lui vint l'idée de construire une chapelle, et dans le mur de façade il enfermerait ses poupées, et Marie serait bien obligée de les remarquer !
Les poupées devinrent des Saints, la Chapelle fut consacrée à Saint Grégoire, Evêque souvent invoqué pour la sauvegerde des âmes du Purgatoire. Et l'histoire ne dit pas ce qu'il advint de Jacques et Marie, mais aujourd'hui encore on se souvient et on est ému de découvrir cette merveille dans les derniers rayons du couchant. Cette Chapelle, on l'appelle aussi «Chapelle des Amoureux ».
Et on admire encore ce chef-d'oeuvre de l'art populaire.
Sur la façade sont représentés, Sainte Marie, Saint Joseph, Saint Grégoire, Saint Jean-Baptiste, Saint Antoine, ainsi que des figures représentant les âmes égarées en quète de purgatoire. Quelques formules didactiques gravées dans la pierre devaient enseigner aux fidèles, l'humilité et le respect de Dieu.
A l'intérieur on trouve un autel retable polychrome du XVIIème, il est recouvert de bandes de cuir dorées et peintes de rinceaux de feuillage, de fleurs et de fruits.
Le tableau représente une Vierge à l'Enfant entourée de Saint Joseph et d'un Evêque, sans doute Saint Grégoire.
Sources : panneau explicatif apposé près de la chapelle, inventaire général du patrimoine culturel.
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