Les Orres 1650, une architecture du XXe siècle qui réconcilie la modernité avec les paysages de montagne
Aujourd'hui : tout le monde en piste !
La station de ski des Orres est dotée d'un domaine skiable qui culmine au-dessus du lac de Serre-Ponçon avec un panorama sur le Parc National des Écrins d’un côté et le massif du Parpaillon de l’autre, 100 kilomètres de pistes bordées d’une forêt de mélèzes... etc. etc.
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Intéressons-nous d'abord à l'Histoire de la station avec une visite au Musée orrian, au hameau Chef-Lieu...
Voilà. Il suffisait de déplacer quelques skis pour découvrir cette plaque et connaître la date de l'inauguration de la première station : 1938, au Mélezet, un des 8 hameaux.
Les Orres 1550
Au départ Les Orres est une petite commune qui ne faisait parler d'elle qu'à l'occasion de la traditionnelle descente de ski de La Portette. Peu à peu, devant les très vastes possibilités qu'offrait le domaine skiable, l'idée de créer une station de sports d'hiver est née.
Où l'on peut voir de gauche à droite, le hameau Chef-Lieu avec son église Sainte-Marie-Madeleine, les stations 1550, 1650 et 1800, ainsi que le domaine skiable.
En 1963, l’architecte urbaniste Jean-Michel Legrand qui a travaillé pour la reconstruction d'après guerre, installé à Paris, mais proche des montagnes alpines (projet des terrasses de la Grave en 1964, plan d’urbanisme de Val d’Isère en 1967…), s’engage dans l’étude du projet d’ensemble, qu’il conduit pendant 6 ans selon la méthodologie habituelle, définissant la capacité de la station (11 000 à 12 000 lits) en fonction de la dimension du domaine skiable (5 500 ha).
La vallée trop étroite interdisait toute construction. Il fut donc décidé de bâtir sur son versant Ouest, entre 1600 et 1700m, altitude déterminée par l'enneigement moyen en début et fin de saison, en trois quartiers contrastés disposés entre plateaux, vallons, forêts et clairières. Le terrain présente 2 domaines juxtaposés. L'architecte urbaniste conçut donc la station en 2 parties distinctes : Pramouton et Bois Méan avec un zone intermédiaire jouant le rôle de charnière : Prébois.
L'inauguration du premier remonte-pente fut contrariée par une grosse chute de neige et la route était difficile. Malgré tout, par -15°, le cérémonial sera respecté et une bouteille de champagne cassée sur les supports de la remontée mécanique. La station des Orres était née et chacun pensa que ce mauvais temps ne pouvait être que le présage d'un bel avenir ! (Les Orres.com)
L'ensemble est organisé selon le principe de la "station sans voiture", assurant à chaque résidence un accès skis aux pieds. Ici, une passerelle permet de passer d'un immeuble à un autre pour accéder au front de neige.
En matière d’architecture, tous les immeubles sont d’une facture différente, tirant parti des multiples orientations privilégiées du terrain. Legrand fit même appel à des sculpteurs pour dessiner les silhouettes des immeubles.
Terrasses et garde-corps différents rythment les façades, tandis que les bardages de mélèzes gris et les enduits blancs sont choisis pour soutenir un effet de mimétisme avec les mélèzes et la neige. L'architecte était convaincu que pour construire une station de sports d'hiver il fallait connaître la montagne dans tous ses détails, la moindre fleur, la moindre pierre, les arbres et les pentes...
Les immeubles ont en commun une toiture porte-neige enveloppante prolongée par des acrotères ouvragés, constituant une cinquième façade, selon l’expression même de Jean-Michel Legrand. Son projet était que, vues d'en haut (des pistes), les toitures blanches de neige deviennent une cinquième façade et que les constructions disparaissent dans le paysage...
La station ouvre pour Noël 1970.
Jean-Michel Legrand rêva que 3 autres sports seraient représentés : le golf, le tennis et le foot-ball, grâce à des oeuvres symboliques. Seul le foot-ball a sa représentation : une énorme bulle en plastique, grand ballon de foot où sont installés l'ESF et un restaurant. À l'époque la bulle était orange, ce qui a donné naissance au logo des Orres. La Bulle a ensuite pris feu, elle a été reconstruite en blanc. Ce ballon a produit une levée de boucliers des résidents des étages inférieurs dont la vue se trouva soudain bien bouchée !
En 2005, la station 1800 voit le jour, avec ses immeubles "Résidences de tourisme", de style "chalet", constructions identiques juxtaposées...
L'architecture de Jean-Michel Legrand fit couler beaucoup d'encre et suscite encore des critiques de la station 1650. Faut-il préférer le style commun des constructions du XXIe siècle (Les Orres 1800) à celui du XXe siècle, qui chercha à allier la création à la facilitation de la vie des vacanciers des sports d'hiver et à l'intégration scrupuleuse au paysage, en un mot qui faisait sens ?
La station des Orres 1650 est labéllisée "Patrimoine du XXe siècle" depuis 2007.
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Merci à Corinne Clivio, guide du patrimoine au Pays S-U-D, Pays d'Art et d'Histoire, qui a guidé mes pas dans l'Histoire des Orres et du ski. Chaque mardi une visite était organisée pendant les vacances de février.
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