Un an à Calais
Cette expo "Hors les murs", devait être décrochée le 18 septembre... le 19, elle était encore là dans le Parc de la Schappe, mais peut-être plus pour longtemps... Voici une façon de la prolonger un peu...
Louise Druelle, alias Loup Blaster, est illustratrice et réalisatrice de films d'animation. En 2014, elle rentre à Calais, la ville où elle a grandi, et prend l'actualité en pleine face. Elle passe une année auprès de ces femmes et ces hommes venus d'Erythrée, de Syrie et du Soudan, dans le quotidien de leur campement de misère, sans cesse aux prises avec l'humiliation et la peur, mais avec un désir fou de retrouver leur dignité...
Calais et son histoire où l'héroïsme est présent au travers des "Bourgeois de Calais", sculptés par Rodin à la fin du XIXe siècle.
Des couleurs chaudes, des ocres doux, comme pour apporter un peu de chaleur à ces êtres chassés de chez eux par la guerre et la misère...
Les belles rencontres que l'auteure y a faites
Des échanges, des apprentissages, celui de l'alphabet arabe, recopié sur son carnet
Les expulsions, le vent, la pluie de l'hiver
Des manifestation, des peintures de drapeaux, quand l'art est au service de l'apprentissage du mot "citoyen", du mot "xénophobie, du mot "dignité"... dans le souvenir de ceux qui sont morts, en route, aux frontières et ceux qui sont restés au pays.
Prendre le temps de s'écouter, de se connaître, de se rencontrer... "L'étranger perd son étrangeté"...
C'est la musique qui redonne le plus d'espoir. Des chants qui parlent de liberté, de voyage, d'amour et de paix...avec la langue arabe habitée par la poésie, ces chants ont traversé les déserts, les montagnes et la mer, pour venir jusqu'à nous...
Des grilles pour séparer le ghetto de la ville, un mur-frontière bientôt, des ministres anglais ou français en visite qui ne rencontrent aucune des 3000 personnes en exil... "ignorées, parquées, refoulées, on les voudrait invisibles..." ces gens qui ne peuvent ni rester ni partir, au mépris total des droits universels de l'homme, qui leur accordent de circuler librement, de voyager...
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Quelques panneaux sur les 14 que comptaient cette exposition. L'essentiel est dans le message, celui d'êtres humains en exil, à travers le talent de Loup Blaster...
La ville de Briançon a adopté une politique d'accueil de ces êtres humains chassés de chez eux et jetés sur des routes dangereuses, parqués dans des camps, humiliés...
Un collectif s’est constitué, rassemblant autour de la mairie de Briançon, le mouvement citoyen « Pas En Notre Nom Briançon », la MJC-Centre Social, la Mapemonde et des associations caritatives telles que le Secours Populaire, le Secours Catholique, la Croix Rouge. Une quarantaine de réfugiés ont été logés, la plupart ont été déplacés dans des Centres d'Accueil de Demandeurs d'Asile, alors qu'ils commençaient à s'installer, à s'intégrer à Briançon. Mais d'autres reviennent et certains restent, ayant obtenu leur statut de réfugiés.