La photo du dimanche 15 février 2015 est... un âne (ou deux)
Cet animal placide, sensible, doux, sympathique, est réputé têtu (en réalité, c'est parce qu'il réfléchit). Il a horreur des despotes et a une excellente mémoire. Particulièrement adapté au portage, il est besogneux. C'est un excellent gardien, et il est capable de garder un troupeau de façon obstinée et efficace. Son fameux cri, le braiement, prévient lorsque quelque chose cloche. Il est aujourd'hui devenu le compagnon de promenades et de randonnées. Comme dans l'Antiquité, les belles peuvent utiliser le lait de l'ânesse pour leur toilette, ainsi que tous les produits de beauté. Il parait qu'il fallait à Cléopatre le lait de 200 ânesses pour remplir sa baignoire. Les déesses en rêvaient, les cosméticiens en font commerce. Est-il sot ? Le fameux bonnet infligé aux écoliers au début du XXe siècle semble l'attester, bien que personne n'ait essayé d'apprendre à lire à un âne... Cet animal au regard doux fait partie de l'Histoire. Présent dans les récits bibliques, il a rendu de nombreux services et il est encore un véritable allié des aménagements de montagne.
En juin 1815, avant l'invasion des Autrichiens et des Piémontais, les habitants de la vallée de la Clarée, de peur de se faire réquisitionner leurs bêtes, les cachèrent dans une grotte et quand l'ennemi arriva, il dut se contenter de vieilles carnes restées là, histoire de ne pas alerter l'ennemi. Cette grotte s'est appelée "la grotte des cinquante ânes" et servit de cachette à Emilie Carles et sa famille, ainsi qu'une autre famille de Val des Prés, à la fin de la seconde guerre mondiale.
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Le baudet de Jean était vieux et l'arthrose qui le faisait souffrir s'amplifiait au fil des saisons. Rose, la femme de Jean avait attrapé on ne sait où, un méchant virus pour lequel on ne trouvait pas de remède. La situation empira pour les deux et l'inéluctable arriva : l'âne précéda Rose au trépas et tous deux abandonnèrent le pauvre Jean. Le jour des funérailles de la femme bien-aimée de Jean, la famille recevait les condoléances. Certains, nantis de filles restées célibataires, allèrent jusqu'à faire des suggestions au pauvre veuf. Il remerciait, serrait des mains, embrassait... Alors qu'il rentrait chez lui, accompagné d'un voisin, il déclara : M'en semouni de fénas mè pas un m'a parla de moun ase. On m'a proposé des femmes, mais pas un ne m'a parlé de mon âne.
D'après Paul Motte.