Le "Carillon de Pagnol" du Lycée Thiers de Marseille

"Au moment où le boulevard obliquait vers la droite, un tintamarre de bronze tomba sur nos têtes : au bord du toit - qui s'élevait à une hauteur prodigieuse - dans une sorte de petite maison qui avait un fronton triangulaire, je vis un cadran de pendule aussi grand qu'une roue de charrette. « Sept heures et demie ! dit Joseph.
- Elle a sonné au moins quatre fois !
- Huit coups pour la demie ! reprit-il. C'est un carillon. Quatre coups pour le quart, huit pour la demie, douze pour moins le quart, seize pour l'heure, et naturellement, elle sonne aussi les heures, sur une autre cloche. Ce qui fait qu'à midi, par exemple, elle sonne vingt-huit fois !
- Moi, dit Paul, je sais très bien voir l'heure sur la pendule de la chambre, mais celle-là, je ne saurais pas la compter ! » J'étais déjà surpris par cette retentissante nouveauté, et il me sembla que dans ce lycée le temps lui-même était bien étroitement surveillé."

Voici comment Marcel Pagnol décrit le carillon du Lycée Thiers, dans son livre "Le Temps des secrets".

Non, Marseille n'est pas dans les Hautes-Alpes (sauf peut-être certains week-end à la saison du ski...), cependant, la remise en musique des 3 cloches de la Salle des Horloges de ce lycée, est une action du Projet Horloges d'Altitude de Briançon (qui est dans les Hautes-Alpes, toute l'année...), tout comme les projets de Venise et Turin, qui sortent des limites du département, et nous font voyager un peu !

Et le 29 juin 2013, on inaugurait ce carillon, au Lycée Thiers, le lycée de Marcel Pagnol...

"Une double porte, aussi haute qu'un portail de cathédrale, était entrebâillée. Des gens entraient et sortaient, mais les groupes d'élèves qui bavardaient en rond sur le trottoir ne semblaient pas pressés de s'abreuver aux sources de la connaissance.
« Cette porte, dit mon père, c'est celle de l'externat, c'est-à-dire des bâtiments où sont les classes. Toi, tu dois entrer par la porte de l'internat qui est de l'autre côté du bâtiment. » Marcel Pagnol, "Le Temps des secrets".

 Le Lycée Thiers fêtait ses 210 ans en 2013, année où Marseille fut capitale européenne de la culture. À cette occasion, tout fut mis en œuvre pour autoriser au public les premières visites du "Campanile" ou du "Clocher". C’est ainsi qu’est pompeusement désignée au Lycée Thiers la petite pièce qui abrite trois horloges.

L'horloge mécanique Roman de 1783,  

 

dans son "armoire", 

 

l'horloge électro-mécanique Brillié de 1914, 

 

et l'horloge électronique Bodet de 2003. 

Ces horloges d’édifice, ultra-modernes à leur époque respective, donnent l’heure sur deux cadrans, 

et sonnent les trois cloches du XVIII°, exceptionnelles, toujours en place.

Plus de deux siècles d'histoire de l'horlogerie s'offrent ici. Des travaux d'éclairage et de nettoyage ont été réalisés par les agents pour sécuriser l'accès au Campanile. En passant par les beaux bâtiments aux longues perspectives de couloirs et de galeries qui datent de 1751. 

  

 

 

Ce lycée abritait les religieuses bernardines qui furent chassées par la Révolution. Le 4 août 1803, le lycée de Marseille, premier lycée de Province, prend possession d'une partie des locaux. En 1891, il devient lycée « Hors Classe » au même titre que les grands lycées de Paris et de Versailles. En 1929 il reçoit le nom de Thiers, un de ses premiers élèves. Il accueille aujourd'hui 2200 élèves, du collège aux classes préparatoires. 

Samedi 29 juin, la réception organisée par Denis Vialette, a réuni des amis du projet autour des proviseurs du Lycée Thiers, du Lycée d'Altitude, le député-maire de l’arrondissement du lycée, des académiciens marseillais et autres personnalités de l'Enseignement et de la Culture.

On voit ici, de gauche à droite, Dominique Dion, campaniste, Denis Vialette, coordinateur du projet,  Gérard Detaille, photographe, et Francis Pons, cheminot, qui à sauvé l’« Horloge du Cinématographe » de la Gare de Cannes (à l’origine d’un nouveau projet au Lycée de Briançon…)

 

Dans une des salles du rez-de-chaussée, une exposition, préparée par le lycée haut-alpin, racontait le projet avec des systèmes automatisés construits par les élèves, des panneaux explicatifs, des projections, pendant qu'une collation était offerte aux invités. Dans leurs discours concis et vivants, les personnalités citées plus haut ont félicité cette belle réalisation. 

Huit groupes de dix personnes se sont alors relayés pour prendre le chemin de la « chambre » des horloges, où Dominique Dion, horloger-campaniste pendant 40 ans, aujourd'hui retraité, attendait les visiteurs avec des documents et des maquettes, fabriquées par ses soins, pour expliquer, de façon simple, les principes de l’horlogerie mécanique et électrique. Transmettant sa passion, il a présenté l'horloge Roman, qui trône majestueusement dans la salle, et l'horloge Brillié, conçue lors du développement du transport ferroviaire, quand il a fallu uniformiser l'heure dans toutes les villes de France, à partir d’un signal électrique. L'horloge électronique Bodet, enfin, qui donne maintenant l'heure aux cadrans, et qui commande les carillons.

Posés au sol, les anciens cadrans « grands comme des roues de charrette » qui impressionnaient tant Marcel Pagnol et son petit frère Paul. Ces horloges et carillons ont été étudiés par les élèves du Lycée d'Altitude, avec le concours de spécialistes comme Christine Laugié, maître carillonneur à Pamiers dans l’Ariège, ou Daniel Fonlupt, qui présente La Maison des Horloges à Charroux dans l’Allier.

 

Le carillon du « bicentenaire » a été composé en 2003 par Patrick Geel, alors professeur de Musique à Thiers, aujourd'hui organiste-concertiste à Saint-Victor et à Notre-Dame-du-Mont. Il explique : " Le Campanile possède trois cloches du XVIII°. La programmation du carillon a été faite en donnant à la plus grosse cloche (ré bémol) le rôle de sonner les heures, respectant en cela la tradition. Il a été décidé de programmer un motif de trois notes « descendantes » sur les deux autres cloches (sol bémol, sol bémol, fa) pour les quarts, le motif renversé pour la demie, et un motif plus long de sept notes pour annoncer l'heure, le chiffre sept étant celui de la perfection. Ce carillon chante de 8h à 20h ". Mais le dimanche, de 9h à 20h, on peut de nouveau écouter le carillon de Marcel Pagnol comme décrit dans "Le Temps des secrets".

                       Avant de redescendre dans la cour du lycée,

 

attardons-nous un peu...

                                                              pour admirer la somptueuse vue...

sur les toits de  la belle ville de Marseille...

 et sur la "Bonne-Mère".

Et une dernière photo pour annoncer un nouveau "projet"...

L'église Notre-Dame des Accoules : 8 cloches, ça donne des idées !

C'est par là ! 

A bientôt... 

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Comments

[Annie]

Marseille et les Hautes-Alpes c'est toute une histoire ! Bravo pour ce projet qui doit passionner les élèves . L'école comme çà j'en reprendrais bien un peu !

[Anne d'Amico]

Un très bel article, bien documenté! J'ai passé mon BEPC dans ce lycée..... ça remonte à des années-lumière!

Gros bisous Sylvie!

[ROSA87]

merci Sylvie pour ce merveilleux partage, j'aime beaucoup balader pour toutes ces images

bonne semaine

bisous

rosa