Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
hautes-alpes-insolites
hautes-alpes-insolites
Publicité
Comme si rien n'avait eu lieu

commeSi (1)-page-001 couv définitive avec marge


D’écorce et d'aiguilles

1ere avec jaquette

 

couv nous autres

La Grande Fête

couv LGF (2)couv LGF (1)

Mon autre blog : Écrins de poésie

95259174

Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 938 590
31 décembre 2013

Un conte de Noël, pour la veillée...

L'hiver est long dans les Hautes-Alpes, et autrefois, avant le tourisme et le ski, avant la télévision et l'internet, on se réunissait le soir pour une veillée autour de la cheminée, non loin des bêtes qui s'endormaient en réchauffant la pièce et les gens...

- On nous raconte que l'âne et le boeuf soufflaient sur l'Enfant-Jésus pour le réchauffer ; mais cet âne et ce boeuf, d'où venaient-ils ? Pourquoi étaint-ils là ?

- Moi je le sais, dit un soir le voisin de Gaspard, en se réchauffant les mains au-dessus de l'âtre. Ils venaient de chez nous ! 

Voici comment :

P1090983

La crèche de la Collégiale, Briançon.

"Il y avait près d'ici un brave paysan qui s'appelait Maurice Magloire. Magloire était pauvre, c'était un homme simple qui ne parlait pas aux hommes, et qui avait fini par ressembler aux 4 animaux qui vivaient avec lui : un coq à deux crêtes, une chèvre à deux mamelles, un boeuf à deux cornes et un âne à deux oreilles. Tout le monde vivait là, dans une cabane misérable, sur un terrain qui n'appartenait à personne, parce qu'il faut bien que les pauvres puissent s'asseoir quelque part. Magloire et ses animaux, à force de vivre ensemble, se comprenaient et s'aimaient. Magloire leur parlait, ils répondaient.

Les bêtes de Magloire sentaient que le monde changeait : l'eau du torrent, le vent dans les arbres, les grillons et les crapauds dans les champs racontaient un grand secret.

Un matin, tandis que Magloire regardait l'aurore qui ressemblait à de l'argent tout neuf, le coq perché sur la cabane prit la parole : "Jésus va naître !" Le boeuf qui ruminait dans le pré, leva lentement sa tête encornée et dit :"Et où ? Et où ?" La chèvre qui broutait les premières pousses agita la clochette qui pendait à son cou et dit la bouche pleine : "A Bethléem ! A Bethléem !" L'âne bondit de joie, se roula par terre en disant : "Nous y allons ! Nous y allons !".

Magloire, que rien ne retenait ici et qui avait toujours rêvé de voir du pays, pensa qu'il y avait partout des rivières et des prés, que sa chèvre lui donnerait du lait, que son boeuf et son âne le porteraient tour à tour, que son coq le réveillerait, et avant le lever du soleil, il avait fermé laporte de sa cabane et il était en route.

- Où allait-il, demanda Emilie, la femme de Gaspard ?

- A Bethléem, puisque la chèvre l'avait dit.

- Où était Bethléem ? 

- Du côté où le soleil se lève, bien-sûr...

Et Magloire marchait vers le soleil...

Il en traversa du pays, vous pouvez me croire ! Il en eut des aventures, et de toutes espèces, mais chaque fois un de ses animaux lui sauva la vie !

Il suivit des rivières et des fleuves, escalada des cols, traversa des déserts, sans se plaindre, parce que quelque chose dans son coeur le soutenait.

Un jour, pourtant, la chèvre qui n'avait plus à brouter que des cailloux et de l'herbe très courte, fit un caprice de chèvre des alpages, et dit :

- Bethléem m'embête, je retourne chez nous !

Elle n'avait pas fait vingt pas, qu'un loup sortit du bois et la mangea.

Le lendemain, le coq, de mauvaise humeur, ne réveilla pas Magloire. La pauvre chèvre était son amie, et il regretta d'avoir parlé :

- Après tout, est-ce que je sais  s'il naîtra seulement ?

Il se dressa sur ses pattes et dit, solennel :

- Je retourne chez nous !

Il avait à peine fait vingt pas, qu'un aigle tomba sur lui et l'emporta.

Magloire était triste. Lui aussi regrettait sa cabane, mais il n'osait pas le dire, à cause du loup et de l'aigle.

Un jour, pourtant, épuisé dans le désert, il se coucha sur le sable à l'ombre de l'âne et soupira :

- Je veux rentrer chez moi ! Vous, allez où vous voudrez.

Et il s'endormit, il est probable qu'il mourut de soif. 

L'âne et le boeuf continuèrent leur marche vers le soleil, mais ils ne savaient rien. Le boeuf avait dit : "Et où ?", l'âne avait dit : "Nous y allons !". Mais ils n'en savaient pas plus... Ils restèrent huit jours sans manger et sans boire, mais ils ne se plaignaient pas. Le boeuf disait :

- Nous y serons bientôt.

L'âne répondait :

- J'en suis sûr.

Un soir, comme ils arrivaient au sommet d'une montagne, ils virent à leurs pieds un village tout blanc dans le coucher du soleil. Ils dirent ensemble : "Il y aura ici un peu d'eau et un peu de foin". Ils arrivèrent comme des mendiants, tout pelés et tout maigres. Les hommes les chassaient de partout...

Enfin, ils trouvèrent une étable abandonnée tout près des portes de la ville. La crèche était garnie de vieille paille et de l'eau sale coulait devant la porte. "Dormons ici, demain nous repartirons pour Bethléem."

Or, c'était la nuit du 25 décembre...

Chassé de partout, l'Enfant-Jésus vint naître dans cette étable, et sa mère le posa dans la crèche.

Il y eut là-dedans tant de lumière et tant de joie que l'âne et le boeuf comprirent qu'ils étaient arrivés ! Et tout en soufflant sur l'Enfant pour le réchauffer, tout en pleurant de tendresse, ils regrettaient que le coq, la chèvre et Magloire ne fussent pas avec eux."

La veillée prenait fin, Gaspard et ses amis se levèrent et rentrèrent chez eux, par le chemin tout couvert de neige qui longeait les maisons dans la nuit. La lune dans le grand ciel étoilé éclairait leurs pas, et posait ses rayons mauves sur les crêtes enneigées, la neige chantait sous leurs pas...

***

Un conte d'après J. Calvet, pour ceux qui seront seuls en cette nuit de Nouvel-An, et qui n'ont pas envie de regarder la télévision...

 


 

Publicité
Publicité
Commentaires
N
Un joli conte très émouvant.<br /> <br /> Bises, Sylvie, bonne journée.
Répondre
C
J'ai un conte qui ressemble au votre, mais en langue picarde et qui se passe à Saint-Valéry-sur-Somme. Souhaitez-vous que je vous le fasse parvenir?<br /> <br /> Bonne année 2014<br /> <br /> Croédur
Répondre
S
Bien joli conte, qui me rappelle des soirées de mon enfance à la campagne autour de la cheminée chez alors un très vieil oncle!
Répondre
A
Quel joli conte! Au temps de ma grand-mère, les gens se réunissaient aussi autour du poêle ou de la cheminée, ou l'été, sur une chaise devant la maison de l'un ou de l'autre...... Nostalgie quand tu nous tiens!!<br /> <br /> J'ai vu sur le site des oratoires que tu faisais partie toi aussi des contributeurs, c'est une bonne oeuvre je trouve que de recenser tout notre petit patrimoine religieux!<br /> <br /> Gros bisous Sylvie, à l'an que vèn!
Répondre
Publicité