L'Indigo de l’Atelier Loa Racine, Chabottes - Champsaur
C'est à Chabottes que Laurence a fait construire sa maison écologique tout en bois, avec son atelier de couturière. L'aquarelliste Alexis Nouailhat a représenté Laurence, son fils Marco et sa maison... On voit Marco pousser une mystérieuse cuve d'où s'échappe une étrange mousse bleue...
Et voici l'atelier de couturière de Laurence... Elle fabrique des costumes de scène.
Ici, elle confectionne une coiffe à l'aide d'une perruque
Et puis elle se rend régulièrement à Paris sur les défilés de mode. Là elle réalise les ultimes retouches sur les mannequins.
Mais son autre passion est contenue dans la mystérieuse cuve. Laurence fabrique des teintures végétales.
Aujourd'hui, pas de mousse bleue. Mais un liquide bleu d'où s'échappe un sensuel bouquet fruité de plante. C'est toute l'Afrique qui émane soudain de cette cuve, avec le parfum de la plante Indigo, ici Longo Corpus Tintoria, une liane venue d'Afrique de l'ouest utilisée pour faire de la teinture végétale bleue. Insoluble dans l'eau, la plante nécessite une longue préparation : elle est mise à tremper et à macérer dans cette cuve, et maintenue à une température de 28°, dans un liquide basique d'eau de cendres. 10 kg de plante en compost auxquels on ajoute du son de blé, pour la production de bactéries. Chaque pays utilise son produit en fonction de ce qu'il a sous la main, comme réducteur d'oxygène : Sucre, poires ou encore dattes. La plante Indgo : indigofera Tintoria était récoltée en Inde et aux Antilles, mais en France on utilisait le Pastel ou Guède (Isatis Tintoria), longtemps cultivé dans le sud-ouest et dans la Somme. C'est à Amiens qu'on la cultiva beaucoup dans les plaines fertiles le long de la Somme, où on l'appelle Waide. Elle donna naissance au fameux "bleu d'Amiens". Sur la façade sud de la Cathédrale d'Amiens, on peut voir un bas-relief qui représente deux marchands de waide.
Les nuances de bleu obtenues sont infinies et varient en fonction du tissu, du nombre de bains, de la température extérieure... Autant dire qu'il est difficile d'obtenir deux fois la même couleur.
Laurence utilise d'autres plantes comme la fleur de camomille qui donne un très joli jaune vif.
Le Rudbeckia, la reine des prés, l'oeillet d'Inde, la camomille, la tanaisie, l'achillée mille-feuilles, le millepertuis, mais aussi le frêne, le bouleau (pour le rouge de Russie), le noyer, l'arbre à perruque, tous les fruitiers...
et la rose trémière. Et c'est toute la plante qu'on utilise : tige, feuilles, fleurs, graines... Enfin les graines c'est aussi pour la semer au jardin de Laurence.
La gale des arbres, utilisée pour son tanin, sorte de pansement que fabrique l'arbre quand il est piqué par un insecte. Il en existe de toutes formes. Les gales font partie des partenariats étranges entre des insectes et des plantes. Une petite guêpe pique l'arbre et celui-ci produit une boule de bois dans laquelle la larve va se développer, bien à l'abri. Quand l'insecte est mature, il creuse un petit trou et s'envole, laissant la gale, amie des teinturiers.
Tissu teint avec la reine des prés
et d'autres encore, de toutes les couleurs
et le superbe bleu de l'indigo
Il reste à mettre en marche...
les belles machines à coudre
découper, assembler, bâtir, piquer, créer, repasser les étoffes, d'où naîtront les costumes et les coiffes, qui tous racontent une histoire...
Notre voyage, de la fleur au rêve se termine, il nous reste à remercier Laurence de nous avoir ouvert la porte de l'atelier merveilleux des couleurs de Loa Racine.
Le site de Laurence : http://www.loaracine.com/prestashop/ avec les ateliers qu'elle organise, retouches, couettes en laine, coupe, couture, Le « Faire par ses mains » ...