Et voilà, encore un rendez-vous ! Avec encore un être magnifique...
Vous connaissez déjà Bramousse, ce hameau d'alpage entre Guillestre et Château-Queyras
Bramousse est niché à 1450 m d'altitude en pleine montagne au coeur du Parc Naturel Régional du Queyras. Souvenez-vous, ici le dernier ours du Queyras serait mort en 1880... et le nom de Bramousse viendrait de l'ours !
J'ai donc fait les 4 km de route en voiture,
Puis je suis montée à pied sur le chemin forestier qui mène au hameau "Les Chalets"... 3,5 km dans la belle forêt de mélèzes
Des paysages époustouflants,
un petit oratoire et une grande croix,
le balisage qui se fait un look Afro (ça, c'est pour l'insolite)
la chapelle St-Jean-Baptiste...
et sa jolie porte couverte de graffiti, pour certains, du XIXe.
Ses poutres en mélèze à la mode Fuste, nom donné aux chalets construits avec des troncs d'arbre empilés à Saint-Véran et Molines,
mais il faut monter encore, s'enfoncer dans la forêt sombre et fraîche...
Non ! Ce n'est pas un ours qui se dresse soudain entre soleil et forêt, les ours ne portent pas de cloche...
Les petites vaches, elles, si ! Et le carillon des clarines rythme mes pas...
1/2 heure plus haut, le voici, devant moi !
On prétend qu'il aurait connu François Ier, quand celui-ci séjourna dans la région.
Mais voici à quoi il devait ressembler, et notre Roi ne s'est même pas retourné...
Je me suis assise à son pied... et soudain, le silence.
La mésange qui poussait son Ti-Witt régulier s'est tue, les insectes ont cessé leur bourdonnement, je n'entendais plus que le cling-clong léger des troupeaux, loin, loin, plus bas.
L'arbre avait-il quelque-chose à me dire ? Je l'ai cru, je ne bougeais plus, je ne voyais que le vert-tendre de sa chevelure de vieil arbre, je percevais son souffle et sa chaleur...
Je crois qu'il voulait que je vienne contre lui, ma joue contre son écorce rugueuse... Alors ses branches sont retombées autour de moi, comme pour m'enlacer, et des vibrations de force et d'éternité, de jouvence et de sagesse m'ont envahie, pendant quelques secondes...
Je suis restée longtemps, là, dans l'ombre de ce vieil ami, sans bouger. Ensemble nous avons tenté de compter mentalement le nombre d'hommes et de femmes, de rois et de gueux, d'enfants, de hiboux, d'abeilles et de geais qui l'avaient approché... touché. Nous avons évoqué les bergers, les chamois, les marmottes... Et les ours !
Et puis les bruits de la forêt sont revenus, et avec eux la réalité de ce jour de fin d'été.
J'ai décidé de re-descendre par le sentier de la cascade !
Je l'ai d'abord entendue. Je me suis arrêtée, pensant que c'était le clapotis que faisait l'eau dans ma gourde à chacun de mes pas. Mais non, c'était elle. Je ne la voyais pas encore. C'était une petite pluie sur de la pierre, à laquelle s'ajoutait le chantonnement d'un ruisseau balbutiant.
La haute falaise ruisselante m'est apparue.
La pluie résonnait contre ses parois, la pierre luisante jouait avec l'eau, comme d'une harpe.
De la mousse trempée, dégoulinait l'eau fraîche qui m'éclaboussait. Pour jouer.
Je suis restée longtemps avec la petite musique de la cascade d'été, les percussions légères sur la roche.
J'étais au paradis, seule au monde...
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Merci à mon amienaute Annie d'avoir organisé ce rendez-vous avec l'arbre remarquable de Bramousse dans un de ses commentaires !
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(On ressent mieux en cliquant sur les photos pour les agrandir...)
Merci pour le renvoi vers mon site !