Val d'Escreins,(guillestrois) : Le vieux mélèze, la source et les indiens...
Ce matin là, j'ai un rendez-vous très important avec un personnage rempli de force et de sagesse...
Appareil-photo dans le sac à dos, j'emprunte le sentier qui part du refuge de Basse-Rua et traverse une forêt de mélèzes, pins Cembro, pins Sylvestre, et genévriers. Et même si l'été est fini, je sais que je vais découvrir quelques fleurs typiques des prairies sèches et calcaires de cette vallée très ensoleillée.
Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent,
Colchiques dans les prés, c'est la fin de l'été...
Ah, bon ?
L'été n'est pas fini ? Je peux venir ?
J'ai pour nom Centranthe à feuilles étroites, je fleuris en juillet-août, j'ai déjà fait des graines, mais comme il fait encore très chaud, je m'autorise quelques jolies fleurs, j'aime tant qu'on m'admire en passant !
De très grands arbres qui se perdent dans le bleu du ciel...
Des crêtes déchiquetées, sculptées dans la roche calcaire, incisent le ciel presque sombre...
Il faut regarder partout : au ciel, derrière soi, et aussi où on pose le pied !
Il y a le torrent, le Rif Bel, avec ses éclats de diamant bleu, son chemin de lumière pénétrant la sombre forêt,
Et là, près des étoiles de pierre, l'oasis émeraude d'une souce qui suinte et filtre du ventre de la montagne,
Qui jaillit des bras d'une souche ridée, dans un berceau de mousse fraîche. Le souffle puissant du torrent ne couvre pas tout à fait le doux clapotis de la source.
Après une heure trente de montée, je suis à l'heure à mon rendez-vous !
De toute façon, cela fait 300 ans qu'il m'attend !
Le vieux mélèze au tronc rouge sang, troué d'écailles bleues, vit encore ! Toute les photos du monde ne peuvent pas expliquer la vérité de l'arbre : sa chaleur et son parfum, sa rude peau, son souffle léger, sa présence...
Sur ses branches tordues de douleur, les épines-feuilles vert-tendre sorties au printemps dernier, encore et encore ! Comme les baisers au ciel qui disent tout le bonheur d'être vivant...
Et puis re-descendre, se retourner encore, sentir encore la vieille écorce sur ma joue. Un petit signe de la main.
Non moin de là, un bébé-cembro, reconnaissable à sa petite taille et à la "tétine" ...
Qu'il porte au bout de sa jolie branche !
Un peu plus bas, dans une prairie sèche bien exposée, voici la Gentiane Croisette, qui fleurit jusqu'en septembre, et croise ses jolies feuilles et ses fleurs de ce bleu de vitrail magique.
Et surprise ! A l'ancien village de Basse-Rua : un campement d'indiens !
Les chevaux près du torrent m'avaient intriguée...
Et l'église près des ruines de l'ancien village, pour dire au-revoir, à bientôt, à cette somptueuse vallée.
(Un conseil : n'y allez pas ! C'est infesté d'indiens...)