La Chapelle Sainte-Lucie de Puy-Chalvin ( Puy-St-André) et son "trésor"

Sources:

-Les fresques intérieures de la chapelle Sainte-Lucie de Puy-Chalvin, par Philippe Delmas, Guide conférencier VPAH, Ville de Briançon.

-François Ernaud-1987- "Peintures murales des Hautes Alpes XVéme XVIéme siècle" Cahiers de l'inventaire N°7, pp.36-51, Edisud.

Située au coeur du village de Puy-Chalvin, au-dessus de Briançon, voici la chapelle Sainte-Lucie, connue initialement sous le vocable de N.D. de Pitié.

Elle fut édifiée en 1507, sur le territoire de la commune de Puy-St-André, on la trouve à côté du gite "Lacouledouce", belle maison restaurée et tenue par Luc et Martine (retrouver la petite histoire de la maison dans le message "juste insolite")

    

En passant devant le porche, on est happé par la beauté des fresques de sa façade, avec au centre la Déploration, image se rapportant au vocable premier de la chapelle, et les saints : à gauche, saint Christophe, et sainte Lucie, à droite sainte Barbe, saint André et saint Antoine Ermite. (Voir photos en bas de la page)

 

Quand on ouvre la porte de cette chapelle, c'est un véritable trésor qui s'offre à nos yeux émerveillés...

Sur la voute en berceau, les fresques du début du XVIème siècle, représentent des passages de l'enfance et de la jeunesse du Christ, puis deux passages de sa vie publique, et enfin les représentations de la Passion.

Ces peintures réalisées par un artiste anonyme  sont assez naïves et les pigments utilisés basiques. Le sens de la lecture s'établit suivant une hélice qui s'enroule d'Est en Ouest. On est un peu surpris par la place qu'occupe la Crucifixion, en fait elle clot l'hélice et se trouve à un endroit où chaque paroissien pouvait la voir sans se tordre le cou... 

Certaines scènes représentées peuvent être rapprochées de celles réalisées par l'artiste piémontais Giovani Canavesio (v.1450-1500) pour la chapelle N.D. des fontaines à la Brigue (06) dans la vallée de la Tinée, qui avait lui-même utilisé des images de la Passion du graveur rhénan Israhel Van Meckenem (v.1445-1503).

Nous savons également que les peintres ayant décoré les chapelles des Hautes-Alpes étaient "presque tous itinérants, s'arrétant quelques semaines, quelques mois, au gré d'une commande, puis reprenant la route à la recherche d'un autre chantier, avec leur palette de couleurs et leurs carnets de modèles. C'est par ces recueils de dessins que circulaient et se transmettaient les croquis, patrons, esquisses..." (François Ernaud.)

Si l'on tient compte de la principale source d'inspiration de notre peintre de Puy-Chalvin, le graveur Israhel Van Meckenem mort en 1503, on se situe dans le style de la deuxième moitié du XVème siècle. Les fresques de Sainte--Lucie dateraient donc plutôt du début du XVIème siècle. Notre peintre apparaît comme un artiste mineur, employé par une communauté rurale aux moyens financiers restreints : pigments basiques, rapidité apparente d'éxécution, gravures reproduites avec des fautes de perspective évidentes.

Une scène insolite : La Cène

Sur cette représentation de la Cène, si on n'est pas très attentif, on ne compte que 10 apôtres : 5 de part et d'autre du Christ et en face de lui, Judas reconnaissable à sa robe jaune et sa cape verte (couleurs de la trahison) et le seul qui n'ait pas d'aureole. Il manquerait donc saint Jean ? La représentation de la Cène par Canavesio à N.D. des fontaines nous permet de résoudre le problème. En effet à la Brigue, on voit Jean couché sur la table devant trois pains.

La Cène de Carnavesio N.D. des fontaines

 

A Puy-Chalvin, l'artiste a bien représenté les 3 pains, mais on ne distingue que les cheveux blonds, l'auréole et la robe rouge qui dépassent de la table.

 Une scène apocryphe : le miracle des dattes

Comme Canavesio à N.D. des fontaines, notre peintre a représenté cette scène de la fuite en Egypte, où il décrit l'épisode non reconnu par l'Eglise du miracle des Dattes, selon laquelle Jésus, petit enfant, aurait fait s'incliner la branche d'un palmier afin d'assouvir la faim de sa mère, et aurait fait jaillir une source d'entre les racines du palmier.

Plus de photos dans l'album-photos, colonne de gauche. 

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