Les horloges "déposées"
Brève histoire de la mesure du temps
L'idée de division du jour en deux fois douze heures revient aux égyptiens. L'invention du gnomon, du cadran solaire, de la clepsydre et du sablier, vont orienter vers la division sexagésimale du temps, issue de la numérotation babylonienne. Soixante est un nombre qui a la particularité d'avoir de nombreux diviseurs entiers, (1, 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30 et 60), ce qui facilite les calculs astronomiques. Plus tard les romains inventent les cadrans solaires portatifs, tel le cadran de berger.
Les premières horloges mécaniques apparaissent au XIVème siècle. Elles servent à commander les sonneries des cloches, et n'ont pas de cadran. Elles seront dotées de cadrans à une seule aiguille au XVème siècle. Puis elles se généraliseront au XIXème siècle avec l'arrivée du train, qui oblige à synchroniser les horloges d'un pays entier.
Au cours du XXème siècle, les horloges mécaniques des églises, des gares et d'autres bâtiments publics seront «déposées» une à une pour être remplacées par des systèmes électriques, qui libèreront de l'obligation de les remonter (c'est à dire remonter les poids qui les entrainent).
En voici quelques-unes souvent restaurées et conservées dans les mairies, ou exposées à l'intérieur des églises.
Une exception : l'horloge de l'église des Vigneaux, qui, conservée dans son bâtiment historique, date de 1786. Elle a été remise en marche par un groupe emmené par Denis Vialette, coordinateur du projet de restauration des horloges avec ses élèves du Lycée d'Altitude de Briançon. Elle est remontée tous les six jours par une équipe de bénévoles appelés les Horlogers d'édifice Vignerons.
Voir les activités du groupe de Denis Vialette ici
(source : Wikipedia)
La maison Arsène Cretin-l'Ange, Horloger-Mécanicien à Morbier (Jura)
Arsène Crétin l'Ange, Horloger-Mécanicien à Morbier (Jura) a fabriqué plusieurs horloges d'édifice des Hautes-Alpes
Sur cette liste on retrouve les communes de Névache et de Saint-Laurent-du-Cros.
(Documents fournis par Daniel Fonlupt)
Horloge de l'église Notre Dame d'Aquilon de Guillestre
Dans son châssis de bois noir décoré de dorures d'un autre siècle, des roues dentées, petites et grandes, des poulies, essieux, pivots, systèmes complexes, en cuivre ou en acier, infiniment et méticuleusement forgés, pour un mouvement d'une précision universelle, conduisant à un balancier arrêté, à un cadran de chiffres, d'aiguilles qui ont terminé leur course folle, leur ronde sage...
Il suffirait de le remonter pour que son coeur batte à nouveau... et qu'il reprenne vie.
Tout ce mécanisme si simple et si compliqué a eu la prétention de vouloir remplacer le soleil, comme si celui-ci ne suffisait plus, pour mesurer le temps. Quelle fierté, quel orgueil, quelle satisfaction radieuse ont dû illuminer le visage de ces hommes qui ont imaginé, conçu puis créé ces sublimes mécaniques, animés par leur seule passion. Dieu a-t-il eu ce sourire, quand il a contemplé sa création ?
En 1890 Alphonse Salle, Horloger à Briançon, installe l'horloge du beffroi de l'église Notre Dame d'Aquilon de Guillestre, fabriquée par la maison Prost Frères à Morez*.
Puis l'horloge est "déposée" et remplacée par un mécanisme électrique.
En 2004 André Couval rénove l'horloge. Elle est aujourd'hui exposée dans la Salle des mariages de la mairie de Guillestre.
Horloge de l'église Saint-Sébastien de Plampinet - Vallée de la Clarée - Briançonnais
Les Journées du Patrimoine ont permis la visite de l'église Saint-Sébastien de Plampinet. Outre les superbes fresques du XVIème siècle (voir patrimoine religieux) on y trouve cette horloge, "déposée" elle aussi, en 1999 et fabriquée par Arsène Cretin à Morbier*.
Horloge de l'église de Saint-Crépin
Elle a été "déposée" de l'église du XVème siècle et installée dans la salle du Conseil de la Mairie...
Elle fonctionne, il suffirait de la remonter avec la manivelle posée sur la table et de lui donner de la hauteur pour que les poids puissent descendre...
Elle a été fabriquée par la maison Arsène Cretin de Morbier (Jura) et installée par L. Charvet & Cie de la ville de Lyon, maison qui existe toujours et installait entr'autres les horloges Cretin. Sur les flancs du châssis on retrouve les initiales AC*.
*D'après Daniel Fonlupt, expert en horlogerie d'édifice et ami du projet de Denis Vialette. Voir son site, ici